Alexandre Varlet, sur la terre comme au ciel

Alexandre Varlet, sur la terre comme au ciel

De la “Dragueuse de fond” au “Lit de la rivière” qui ouvre cet album, il aura fallu attendre quatre ans. Quatre ans à réécouter “Naïf comme le couteau”, sorti en 1997 (sur un label qui eut tôt fait de couler) et son successeur, en espérant qu’Alexandre Varlet n’ait pas remisé pour de bon sa guitare dans son étui.

En fait, il a juste fui la capitale pour trouver refuge du côté de Marseille. Et, telle la Pomponette de Pagnol, il nous revient. “Longtemps j’ai moins aimé la vie, j’ai eu pas mal de soucis, et tutti quanti. mais le désir est infini, plus d’une fois il m’a surpris” chante-t-il et l’on frissonne en songeant que ces mots sont peut être autobiographiques.

Cela ne doit pas être évident tous les jours quand on a un talent tel que celui dont fait preuve le Rochellais, de constater que d’autres chanteurs recoivent les honneurs quand il faut soi-même se contenter d’un succès plus confidentiel (le peu gens qui parlent d’Alexandre valent bien un Bercy bourré à craquer tant ils en disent du bien).

C’est épaulé par Nicolas Leroux (Overhead) que Varlet a enregistré cette collection de chansons. Si la production est un peu plus rock qu’auparavant (mais un joli rock, tout en maîtrise), ce n’est qu’un détail puisque l’évidence est là à chaque seconde de “Ciel de fête” : Varlet est un grand compositeur, un parolier rafiné, et un interprète habité, dont la voix gorgée d’émotion nous transporte.

Avec le label Fargo (Andrew Bird, Emily Loizeau) à ses côtés, espérons qu’Alexandre varlet ait enfin trouvé la famille de coeur qui saura l’aider à passer de la semi-pénombre à l’exposition maximale. Cela fait dix ans que ce chanteur excelle, dix ans que quelques uns le suivent, l’adulent, mais la plaisanterie n’a que trop duré : il mérite la gloire, un buzz à la Grand Corps Malade, des ventes à la -M-. Et une étoile sur le boulevard des grands de la chanson, juste à côté de celle de Gérard Manset

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Alexandre Varlet “Ciel de fête”, 1 CD (Fargo Records), 2007

première publication : 27 juin 2007

Jean-Marc Grosdemouge