Camille "Le fil"

Camille "Le fil"

Dans son premier album, “Le sac des filles”, Camille Dalmais avait balancé pêle-mêle tout un tas d’ambiances éparses. Après avoir joué les choristes de luxe chez Murat (“Lilith”) ou Marc Collin (le projet Nouvelle Vague, qu’on continue à trouver bidon malgré la présence de Camille), elle s’est débarassée de cet accessoire.

Camille a bazardé son sac pour n’en garder qu’un fil : la note si, qui parcourt tout l’album comme un acouphène. Comme une grande, à la manière de Björk sur l’album “Medulla” (elle-même inspirée des travaux de Maja Ratkje, comme l’album “Voice” sorti en 2003 chez Rune Grammofon), la Parisienne ex-hypokhâgneuse et ex-étudiante à Sciences Po, ça pose un peu le personnage intello, s’attaque à des chansons faites à base de voix, d’onomatopées, et des souffle.

Le souffle, elle nous le coupe à coup d’humour (normal de la part d’une fille capable d’aller faire un petit plongeon dans la mer lors d’un concert malouin sur la dernière Route du Rock), qui consiste notamment à parsemer ses chansons de bruits de bouche loufoques pour créer une rythmique parfaitement dans le tempo mais bien farfelue dans le style. Et elle nous charme grâce à son étonnante propension à s’affranchir de pas mal de genres pourcamille fil jmgtrouver son style, tout en allant flirter avec la soul (“Ta douleur”) ou la chanson sans y tomber vraiment. Ce qu’elle avait déjà prouvé sur son précédent album, où la soul était déjà présente sur “Je ne suis pas ta chose”.

Chez Camille, la voix n’est pas sur un fil, en revanche : jamais on ne craint qu’elle ne rompe. C’est au contraire la voix d’une femme décidée, et sûre de ses atouts. Pas du genre à se laisser enfermer, la chanteuse mutine s’amuse à demander “pourquoi tu m’appelles Janine alors que j’m’appelle Thérèse ?” Pas de risque de se tromper de prénom. On dit donc : chapeau Camille.

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photo : Jean-Marc Grosdemouge

Camille “Le fil”, 1 CD (Virgin), 2005

Jean-Marc Grosdemouge