Daniel Palomo Vinuesa "L’homme approximatif"

Son précéddent projet s’appelait “Le projet flou” : c’est dire si Daniel Palomo Vinuesa n’a que faire de créer une musique aux contours immédiatement reconnaissables. Ainsi, tout au long de ce disque, il s’ingénie à entourer ses sons de références nébuleuses, de mixer instruments et bruits pour rendre tout genre insaisissable.

Floue, oui, la musique de Palomo Vinuesa est floue. Ce disque propose “une suite pluristylistique où sons concrets et électroniques, techniques de composition et improvisation expérimentales sont intimement mélés” explique une note d’intention. L’oeuvre a été enregistrée à Radio France, qui édite l’album, dans la prestigieuse collection Signature. En droite ligne des recherches du GRM, on croise non pas des musiciens avec des partitions à coucher sur bande, mais bien une équipe de laborantins (Steffano Cavazzini, François Malet, Pascal Dalmasso, Christopher Bjurtsrom et Gérard Bouquin) qui considèrent le studio comme un lieu de vie et de recherches. Comme on mélange des ingrédients dans une pipette, qu’on les chauffe, les filtres pour voir ce que ça donne, cette musique approximative trouve sa raison d’être dans la confrontation de choses aussi hétéroclites que des cris de chats, des guitares, du piano, de la contrebasse, de la flute, des percussions, et des enregistrements de voix. “Pas de pieds sur les chaises” dit par exemple une femme qui semble être une institutrice. Peut-on y voir une ode au savoir ? En effet de nombreux titres sont dédicacés à des savants : Galilée, Tesla, Poincaré, Darwin ou Pythagore. On ne nous a pas donné la réponse. Voilà l’avantage avec un homme approcimative : au lieu de vous bourrer le crâne avec des théories toutes faites à ingurgiter de gré ou de force, il vous donne des cartes, les mélange devant vous, et vous laisse en déduire ce que vous voulez. Si on devait oser une seule comparaison, ce serait avec Soft Machine, c’est dire si on a là un disque fort.