Fabrice Hadjadj : la résurrection, c'est maintenant

Fabrice Hadjadj : la résurrection, c'est maintenant

Il y a quelques années, le livre “Suicide mode d’emploi” a été interdit pour la bonne et simple raison qu’il y indiquait comment parvenir à se detester soi–même au plus haut point qu’on ne prendrait pas le risque de louper se fin. Ce livre-là, “Résurrection mode d’emploi” devrait au contraire être réédité, réédité sans fin, si possible en poche, à prix modique, pour que chacun puisse l’acheter et l’offrir à ses amis.   

Ce livre coûte ce que coûte un bon livre de nos jours. Mais l’on se prend à rêver : deux euros comme “Le prophète” de Khalil Gibran ? Ce serait encore cher… je propose quatre-vingt dix centimes, comme la baguette de pain qu’on ramène sous le bras le soir en rentrant du bureau. Car ce livre devrait être le pain quotidien de tout homme et de toute femme de bonne volonté. En interrogeant les textes bibliques à propos de le résurrection du Christ, il y a 2000 ans, le philosophe Fabrice Hadjadj réactualise le message de Jésus, avec force, pertinence et drôlerie.

Tout y est : le catholique d’aujourd’hui a des origines juives (Hadjaj, né juif, a été incroyant mais il s’est plus tard fait catholique). Il me dit aussi que parce que je suis d’aujourd’hui, je suis d’hier mais au sens le plus inspiré du terme, c’est à dire que je viens de la Bible, ce que son éminent devancier, le lumineux Emmanuel Levinas appelait “le livre des livres”.

Parce que je suis un être matériel, j’ai besoin de nourriture spirituelle et parce que je suis un être spirituel, j’ai besoin de nourritures matérielles. Sur la to do list aujourd’hui, il y a acheter le pain, passer au pressing, et donner son vermifuge à ma chatte Princesse (12 ans mais quelle forme). Comme avant ? Oui mais dans tout ça, au dessus de tout ça, à travers tout ça, une conscience diffuse émerge, qui n’a rien à voir avec ce que me vantent les pubs, quelque chose d’encore plus fort que quand je vois les photos prises depuis l’espace par Thomas Pesquet.

L’idée que le sacré est partout, mais bien caché aussi. Hadjadj m’ouvre les yeux. C’était là, sous mes yeux comme dans “Le mystère de la chambre jaune”, mais tellement là qu’on ne le voit pas. Le mot “injonction” a une connotation agressive et ceux qui veulent fermer leur coeur appelleront à la rescousse la sempiternelle image du dieu punisseur, avec des flèches dans la main, celui qui fait pleuvoir des catastrophes sur les hommes, comme pour s’amuser.

Il n’y a que ceux qui n’ont jamais lu la Bible pour avoir cette vision, qui est une vision d’Ancien Testament, car les évangiles ont scellé un nouveau testament entre Dieu et les hommes et celui-ci ne parle que d’amour. Dieu envoie son fils avec un message : aimez-vous les uns les autres.

Depuis Jésus et sa résurrection, la voix de Dieu est plus douce et dit : ose changer, au plus petit niveau qui soit, c’est à dire bine modestement, celui qui t’est donné, le tien. Change toi toi même parce que c’est bon pour toi à l’instant présent et au surplus peut être pour les autres, demain. Au contraire, la voix du démon parle à travers la publicité; elle ordonne, me demande de me soumettre, me punit si je ne paie pas la facture, mes fait des promesses qu’elle ne tient jamais.

Ce livre invite à changer : changer soi-même d’abord, avant de changer le monde. Parier sur la contamination du bien, alors se laisser piquer par le virus. Parce qu’à cette minute, c’est toujours mieux de parier là dessus que d’aller gratter un ticket de la Française des Jeux qui me promet la fortune, mais pas la richesse intérieure. Et demain ? demain n’est pas encore né, slow down cowboy.

Et notre monde a bien besoin de changement n’est-ce pas ? Alors commencer aujourd’hui. Surtout y aller doucement, petitement, docilement, imparfaitement, mais avec la foi et la bonne volonté chevillées au coeur. Parce c’est comme ça que Dieu nous aime : quand nous avons l’amour en nous. Ne pas chercher à changer les autres : d’abord se changer soi. parce que c’est bon. Et surtout pas d’objectif S.M.A.R.T avec des résultats visibles et quantifiables à un moment déjà fixé, comme dans les méthodes de management, mais juste changer, un jour à la fois.

Désertez les rayons “développement personnel” : le livre qui vous ouvrira les yeux est un peu plus loin, c’est au rayon religion. Comment ça il est un peu désert ? Eh bien justement cela fait de vous un pionnier sur la route de l’or, un défricheur, ou tout simplement quelqu’un qui veut essayer de vivre selon de nouvelles valeurs, et ne pas se plier aux fausses croyance du temps. Comme disait le pape Jean Paul II : n’ayez pas peur !

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Jean-Marc Grosdemouge

“Résurrection mode d’emploi”, 2016, Magnificat, 188 pages.

Infos : http://francais.magnificat.net/accueil

Jean-Marc Grosdemouge