François Audrain "Détachée"

François Audrain "Détachée"

François Audrain est quelq’un qui se plaît dans le détachement. Quelqu’un qui travaille ses chansons depuis des années et qui les livres enfin au public sur son premier album, sorti cette année sur le label de Vincent Frèrebeau.

Alors si les ventes ne sont pas un ras de marée, il ne s’en émeut guère … il a un peu attendu avant d’en arriver là, et peut encore patienter avant de devenir une pop star. Et d’abord est-ce son but ? On en doute…

François Audrain, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est un Breton trentenaire, qui est prof d’histoire-géographie, comme remplaçant. Et son temps libre, il l’occupe à ses chansons : il procède par écriture automatique (procédé cher aux surréalistes) à la confection de textes, auxquels il accole ensuite la musique.

Audrain aime la littérature : Andreï Makine et Romain Gary sont des auteurs qu’il apprécie, mais il a écrit une chanson en hommage au poète espagnol Garcia Lorca : “Les cent couteaux”. Un morceau qui commence par le son d’un instrument peu commun, bien que remis à l’honneur par Jordi Savall et le film “Tous les matins du monde” : la viole de gambe.

Ayant commencé à se produire dans un format rock, il est peu à peu passé à l’électronique, notamment grâce à la rencontre avec Skot (par le biais d’une structure rennaise : le Jardin Moderne). Résultat : de la “chanson digitale”, du trip “poésie” hop, soit des textes le plus souvent déclamés sur une rythmique trip hop. Sur “A l’approche” et “Tes entrechats” (le dernier morceau -sublime- de l’album), il sample Najma Akhtar, et l’on part pour des ambiances entre Inde et Bengale. On est loin du gros son de Fun Da mental ou Asian Dub Foundation, mais qu’est-ce qu’on voyage…

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François Audrain “Détachée”, 1 CD (Tôt ou Tard/Warner), 2001

Jean-Marc Grosdemouge