François-Xavier Freland, Olivier Mirguet "Sarava !"

François-Xavier Freland, Olivier Mirguet "Sarava !"

sarava liv   “La vie, c’est l’art des rencontres” : c’est en partant de cette phrase de Vinicius de Moraes, poète, diplomate et artisan de la bossa, que les journalistes François-Xavier Freland et Olivier Mirguet (ce dernier signe les photos) sont partis à la rencontre de ce genre musical né dans les années 60 au Brésil.

   A l’époque, le président -progressiste- s’appelle Juscelino Kubitschek, et il veut faire gagner cinquante ans en cinq ans au pays. Tout s’accélère donc. Mais tandis que l’architecte Oscar Niemeyer fait pousser au milieu de nulle part la capitale Brasilia comme un champignon tropical, des cariocas plutôt à l’abri du besoin, ralentissent, et ralentissent encore le cours de la musique : ils inventent une samba lente et triste, la “nouvelle vague” ou le “truc nouveau”… bossa nova. Avec ce livre, on déambule donc dans une galerie de portraits, allant de rencontres directes (Maria Creuzer, Carlos Lyra, Roberto Menescal, Edu Lobo, Nara Leão) ou indirectes (c’est Paulo Jobim qui parle de son papa, Bebel Gilberto plante les auteur à deux minutes de l’interview) avec les acteurs passés (Baden Powell, Elis Regina, Dolores Duran) et présents (Celso Fonseca, Virginia Rodrigues) de ce genre musical.

   Il n’est pas tant question dans ces pages de dérouler une histoire chronologiquement parfaite de la bossa, qui a fait le tour de la planète pour l’entourer d’une douce mélancolie, mais bien d’en capter l’esprit. L’année du Brésil en France est finie, on a replié les estrades, les journaux -qui courent toujours après le dernier “truc nouveau”, sont passés à autre chose. Reste donc une certaine idée de la saudade, cette mélancolie plaisante. Et un livre qui en dresse un portrait sensible.

Jean-Marc Grosdemouge

François-Xavier Freland, Olivier Mirguet “Sarava ! Rencontres avec la bossa nova”, Naïve, 206 pages, 2006.

Jean-Marc Grosdemouge