Gabriel Yacoub "Je vois venir"

Gabriel Yacoub "Je vois venir"

Il voyage en solitaire et nul ne l’oblige à se taire. Un peu solitaire dans la chanson (une personne de cette trempe n’a pas du tout accès à la télé et peu accès à la radio), Gabriel Yacoub trace son chemin. Un chemin d’exception. Solitaire, mais bien accompagné (l’homme à ses fidèles pour monter avec lui sur les planches), enregistré au Théâtre de Cornouaille à Quimper le franco-libanais se paie le luxe d’un double live.

Il y chante des titres du groupe Malicorne, tout en faisant la part belle aux oeuvres issues de ses albums solo (“Babel”, sorti initialement chez Boucherie Productions, ou le plus récent “Yacoub”). La voix porte (à la manière d’un Denez Prigent) et elle résonne.

Poétiquement notamment : Gabriel Yacoub chante les hommes, leurs amours, leurs labeurs. Gabriel Yacoub est un artisan, de cette race d’artisans qui ont le coeur à l’ouvrage, la passion chevillée au corps. Et les outils. Il a le souci du détail. Il sait, par un mot, nous emmener cent ou deux ans auparavant. Et pour chaque chanson, il dresse le décor : il est lexical (on imagine les lieux, la végétation) et musical (sa chanson-folk déroule des atmosphères de brume, de matériaux nobles comme la pierre ou le bois).

Parfois teintées d’influences celtes (la présence, entre autres, de Ronan Le Bars au uillean pipe), et parfois en duo (La Bergère) ou même en choeur, ces chansons sont plus d’une vingtaine de joyaux. Ayant créé sa cosmogonie musicale, Yacoub, qui cherche à se détacher du métier a également créé sa structure, Le Roseau. Cela lui permet de supprimer les intermédiaires qui jouent le jeu d’une politique culturelle qui part à vau-l’eau. Le chanteur a choisi le titre “Je vois venir” en référence aux problèmes rencontrés par les musiciens qui cherchent à créer avec intégrité. Dans ce domaine, Yacoub s’y connait aussi.

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Jean-Marc Grosdemouge

Gabriel Yacoub “Je vois venir”, 2 CD (Le Roseau/Harmonia Mundi), 2004

Jean-Marc Grosdemouge