Goodbye Lennon

Goodbye Lennon

Critique gastronomique, François Simon est voyageur au long cours et passionné par John Lennon. Son roman marie les deux.

Ce n’est pas la première fois que le critique gastronomique François Simon publie un livre. Mais pour la première fois, c’est un roman. Et un roman éminemment personnel. Comme le narrateur, François Simon est passionné par John Lennon. Ledit narrateur part au Japon, sur les lieux fréquentés par John et Yoko… La compagne du narrateur, Mitsuko doit l’y rejoindre, mais (car il y a mais) leur histoire va changer. Et le cours du roman avec.

Sur les traces de l’ex Beatle au Japon

Confronté à sa solitude dans un pays étranger, à son passé aussi, le double fictionnel de Simon va lui aussi changer. Il va connaître des prises de conscience. Au fil des pages, on découvre qu’il existe un mot pour le fait de boire du saké en regardant la neige. Et un jeu qui s’appelle lancer des ombres : kage okuri. Intéressant quand on cherche l’ombre de John Lennon tout en se cherchant soi-même. Mais ça, au début du livre, le narrateur ne le sait pas. Quelle est la part d’autobiographie ? Question trop intimé pour oser la poser. On sent tout de même que François Simon met un peu de réel dans son roman : Kahori Endo, la mère de ses enfants, apprend-on dans les remerciements enfin d’ouvrage, est nippone. Direction donc Karuiziwa sur les traces de l’ex-Beatle.

Réhabiliter Yoko Ono

De fil en aiguille on découvre que Simon/le narrateur est allé sur les traces du Liverpuldien dans les hôtels dans d’autres pays. Si le livre apporte son lot d’anecdotes sur le musicien, et sur l’art de Yoko Ono, il est aussi l’occasion de mettre à l’honneur cette dernière. Beaucoup de gens la détestent sans la connaître ni s’intéresser à elle, parce qu’elle serait la vilaine sorcière qui a fait se séparer les Fab Four. Simon décrit l’art de Ono qui, pour être surprenant, est d’une grande profondeur.

C’est Yoko, grâce à ses séjours dans on pays natal qui offrit à Lennon « l’ouverture à un monde plus instinctif, plus secret, bruissant de sens, d’inimité et d’harmonie ». Bref pour la star une occasion unique de faire retour sur elle-même. Le Japon, c’est le silence du vedettariat, une vie de couple simple, et puis un pays plein d’esprits qui aident Lennon à chasser ses vieux démons. Faire la paix avec lui-même, avant de la chanter. Car Lennon a flirté avec la violence dans ses jeunes années. Et à ce titre il connait mieux que quiconque les vertus de la paix. Le narrateur lui aussi se transforme au contact du Japon, des éléments naturels et de la poésie de ses traditions.

Fan de Lennon ? Fan de Japon ? Hater de Yoko Ono sans trop savoir pourquoi ? Lisez ce roman. Cela commence comme un livre sur Lennon comme il en existe déjà beaucoup (Simon dit en avoir cinquante sur ses étagères) et cela finit comme un roman singulier.

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Jean-Marc Grosdemouge

François Simon « Le silence de l’amour », Editions des Equateurs, Paris, 2021, 264 pages.

Infos : le site des Editions des Equateurs

Jean-Marc Grosdemouge