Jean-Emmanuel Deluxe, dealer de sucreries pop

Jean-Emmanuel Deluxe, dealer de sucreries pop

On n’a pas toujours dit du bien des productions de Jean-Emmanuel Deluxe. Si on lui doit des découvertes musicales extraordinaires (Pete Aves, Witch Hazel Sound), sa compilation-hommage à Melville nous a interloqués… tout comme le fait de voir son nom au générique du dernier Tarantino, rapport à April March, dont le “Chick habit” (reprise de “laisse tomber les filles”) est dans la B.O. Alors respect.

bubblegum-et-sunshine-pop-2Et respect encore pour avoir signé ce livre sur un sujet qui peut paraître pointu (on verra par la suite que ce n’est pas si vrai). Un livre que peu de gens auraient été capables d’entreprendre et d’achever.

Car Deluxe est un passionné un vrai, qui collectionne les références discographiques, rencontre les acteurs de l’histoire musicale (en témoignent ses interviews) et connait son sujet sur le bout des doigts. Comme le Monsieur Jourdain inventé par Molière faisait de la prose sans le savoir, vous, moi, tous nous écoutons de la “bubblegum” sans le savoir.

Qu’est-ce donc que cela ? D’abord, ce n’est pas un genre. Même s’il passe les premiers chapitre du livre à en décrire les contours (flous, mais c’est cela qui est intéressant) et l’histoire, bien qu’il essaie de synthétiser sa pensée en phrases lyriques autant que géniales (“la bubblegum est un trip aux accents pop qui exhale des vapeurs psychédéliques “sergent pepperesques”, tout en prenant soin de ne pas tomber dans l’excès de complexité de l’art rock”), Jean-Emmanuel Deluxe prouve page après page que la “confiserie magique” est une étiquette qu’on peut coller sur des choses très diverses. Et qui est le plus souvent l’oeuvre des “moguls”, ces producteurs qui créent de toutes pièces des hits en s’entourant d’une écurie de chanteurs et d’auteurs compositeurs.

La France aussi a -cocorico- sa production bubblegum, comme en témoignait par exemple la compilation “Wizzz” ou les perles underground de l’époque yéyé des “Femmes de Paris”. Qui, à part Les Cahiers du Rock, serait prêt à prendre un tel “risque” éditorial ?

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Jean-Marc Grosdemouge

“Bubblegum & Sunshine Pop. La confiserie magique”, préface de Bertrand Burgalat, Ed. Cahiers du Rock, 2008, 233 pages.

Infos : http://www.adlivre.com/cahiersdurock/pages/livres/bubblegum.htm

Jean-Marc Grosdemouge