Jean Guidoni "Trapèze"

Jean Guidoni "Trapèze"

On réédite les anciens albums de Christophe époque Dreyfus, Michel Delpech est de retour, Gabriel Yacoub continue à sortir des disques. Et Jean Guidoni sort un grand album. Parfois, l’industrie du disque a de la mémoire, et ça lui fait un bien fou.

Comme il le souligne dans ses remerciements, ce “Trapèze” a sa Madame Loyal. Il s’agit de l’ex-Valentin et collaboratrice d’Etienne Daho, Edith Fambuena, qui s’avère une fine réalisatrice (cela se confirmera avec l’album de Pauline Croze), mais aussi d’arrangeuse. Celle qui chante avec Jean Guidoni sur “La farce bleue” l’a aidé dans ses exercices de voltige.

Elle n’est pas seule : Daniel Lavoie signe quelques musiques, et les écrivains Marie Nimier (qui vient de recevoir le Prix Médicis “La Reine du silence”) et Jean Rouaud (auteur du roman “Les champs d’honneur”), ont pondu des textes remarquables. “Je reviens de loin” clame Guidoni sur la chanson qui ouvre l’album. Tant pis ou tant mieux, car cela lui confère une sacrée aura, et l’on écoute avec attention ses paroles.

Chaque chanson est une histoire de trois quatre minutes : c’est pourquoi outre les paroles des chansons, le livret propose ue mini-nouvelle pour chaque titre de l’album. Grand amateur de cabaret, dont il a longtemps transposé l’ambiance sur les planches, Jean Guidoni se montre aussi grand raconteur d’histoires, avec un penchant pour la mélancolie. Quand il chante “Maman, maman”, c’est pour lui dire “tu n’es qu’un courant d’air, jamais dans ton cimetière”.

Dans un cirque, plus qu’un magnifique funambule, ce qu’il peut être parfois, Jean Guidoni serait un parfait clown triste. Ambitieux et servi par des arrangements somptueux, son “Trapèze” est si réussi qu’on le rangera juste entre “L’Imprudence” d’Alain Bashung et “Tout sera comme avant” de Dominique A. C’est assez dire si cet opus respire la noblesse, l’exigence et le parfait.

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Jean Guidoni “Trapèze”, 1CD (Wagram), 2004

Infos : http://www.jeanguidoni.com

Jean-Marc Grosdemouge