La Théorie du K.O. "La Théorie du K.O."

La Théorie du K.O. "La Théorie du K.O."

R-5702831-1400363789-5093.jpeg     Le slam est partout ces derniers temps, mais les amateurs de nouvelles sensations musicales ne sauraient limiter leur approche du genre au très médiatisé Grand Corps Malade. Exigeant label de jazz désaxé, Chief Inspector est en marge de l’industrie du disque (pas distribué par une fime au logo planètaire si vous voyez ce que je veux dire) et on peut lui faire confiance dans cette entreprise qui consiste à relèver le défi d’un slam à la limite de l’angoisse.

     Défi relevé grâce à la voix caverneuse de D’ de Kabal, un poète à la voix de rocaille, aussi peu accueillante que l’animateur radio Maurice dans sa libre antenne, usant de sa grosse voix qui fait “allô qui va là j’te prie ?” Il faut en effet se laisser rudoyer un peu par cet activiste vocal, qui dès le premier morceau sde l’album ’envisage comme une bombe humaine : ses phrases sont des uppercuts et ses directs verbaux au plexus. Autour de lui Franco Mannara (guitares, claviers, laptop, effets), Marc Ducret (guitares), Professor K (basse) et Alix Ewande (batterie) tissent une ambiance qu’on pourrait qualifier de Rage Against The Machine jazzy. Dense, cet album se compose de deux CD : une face de huit titres, un autre n’en comprenant que deux, dont un qui dure… dix-neuf minutes. Amertume de vivre, rage de dire, poésie urbaine : “un peu de sel sur une plaie ouverte” rapperait La Rumeur. “Ma plume éructe la douleur” scande D’ de Kabal : tel un chirurgien du verbe, il en use comme un scalpel. Bluffant et singulièrement émouvant, voici le frère teigneux d’Abd al Malik, ou le cousin de Diabologum, bref quelqu’un qui a de beaux quartiers de noblesse, et pratique le noble art des mots, en faisant rouler ses chataignes dans des boules de cuir.

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Jean-Marc Grosdemouge

La Théorie du K.O. “La Théorie du K.O.”, 1 CD (Chief Inspector/Abeille Musique), 2007

Jean-Marc Grosdemouge