Laurent de Wilde et Otisto 23 “PC Pieces”

A l’automne 2007, au festival Factory, Laurent de Wilde s’est présenté sur scène avec des béquilles. Dans la vie, cela doit lui valoir une légère claudication, dont on lui souhaite, en toute amitié, qu’il n’en subsiste jamais aucune séquelle. La musique de son nouveau disque (et DVD, nous allons vous l’expliquer plus tard), elle, ne claudique pas. Elle avance même avec une rectitude parfaite.

Pour créer “PC Pieces”, le pianiste (par ailleurs biographe de T.S. Monk) est parti de trois principes : tous les sons doivent émaner du piano, être enregistrés à l’instant par ordinateur, et toutes les compositions doivent être jouées d’une seule traite. Ainsi fut dit, ainsi fut fait : De Wilde pianote, parfois en pinçant les cordes dans le coffre de l’instrument, et Otisto 23 compute. C’est électronica, jazzy, contemporain, martial et aérien, unique.

Après la première écoute, vous pouvez passer à une écoute dont le plaisir est soutenu par l’image : retournez votre CD et vous obtenez un DVD. Glissez le dans votre lecteur, allumez la télévision, et retrouvez le tracklist du disque clipé, puis un concert capté en mars dernier à l’amphithéâtre de l’Opéra de Lyon. Si un homme de 1900 avait demandé “dites moi, à quoi ressemblera la musique dans cent ans ?”, qui aurait su répondre : “un pianiste qui joue des sons retravaillés sur ordinateur” ?

A défaut de se dire qu’on pourra savourer la musique de 2107, à défaut même de pouvoir l’esquisser (quoiqu’à titre personnel, j’imagine bien des artistes faisant de la musique avec leurs corps, peut-être eux-mêmes devenus des instruments de musique), on peut écouter une musique qui n’est ni du passé ni du futur, juste technologiquement de son temps, et artistiquement intemporelle. Fermez les yeux, et sentez comme parfois les basses ressemblent à des battements de coeur.

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