Loose Fur "Born again in the USA"

Loose Fur "Born again in the USA"

Il y avait “Born in the USA”, chanson de Bruce Springsteen, que le Parti Républicain utilisa pour ses campagnes sans en demander l’avis au Boss (qui aurait de toute façon refusé), il y a maintenant “Born AGAIN in the USA”. Born again, c’est ce qu’est par exemple George Walker Bush. Non ça ne signifie pas “crétin texan” mais “celui qui a été sauvé par Dieu”.

En l’occurence, celui qui n’était pas encore devenu président des USA, fut sauvé en son temps d’un fâcheux penchant pour la bouteille… ce qui lui permit de devenir le grand homme d’état que l’on sait. Parfois, on regrette de croire en dieu. On préfère quand Gérard Depardieu rencontre le grand barbu (non pas Pialat) et se met à réciter du Saint augustin. Sauf que Gégé n’a pas arrêté la bouteille, lui.

Mais on s’égare grave, là. Revenons donc à Loose Fur, qui nous redonnerait presque la foi, non pas en l’homme mais au moins dans le rock. Ce groupe, qui a déjà signé un album chez Domino il y a trois ans (excusez du peu), constitue la récréation de deux membre des excellents Wilco (Jeff Tweedy, chanteur et guitariste, et Glenn Kotche, batteur) et de Jim O’Rourke, claviériste des nons moins excellents Sonic Youth. Si ça commence furieux, on arrive en fin d’album et notamment avec “Thou shalt wilt” à des climats très proches de ceux du Bowie du début.

Mais les habitudes bruitistes ne sont pas longues à reprendre le dessus (notamment sur “Wreckroom”). Chassez le naturel, il revient au galop… en même temps, le naturel chez Loose Fur consiste à pondre une musique qui est loin d’être conventionnelle. L’avant dernier morceau, commencé comme de la pop “Alladin Sane”, percluse de riffs de guitare ravageurs, mourra de sa belle mort, dans des climats sépulcraux, lents et beaux à crever : larsen et échos à tous les étages. Le morceau par lequel se termine l’album (“Wanted”) n’est pas le plus innovant qui soit (on dirait du Ben Folds Five plus calme) mais on souhaite à tout musicien de pouvoir enregistrer au moins une fois dans sa carrière du Ben Folds Five calme si ça ressemble à ça.

Si jamais le rock ne vous passionne plus ces derniers temps (ça peut arriver), si votre platine bande mou, voilà son Viagra. Ou son messie.

loose fur

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Jean-Marc Grosdemouge

Loose Fur “Born again in the USA”, 1 CD (Drag City/Discograph), 2003

Jean-Marc Grosdemouge