“L’origine du monde”, comédie (dé)culottée

“L’origine du monde”, comédie (dé)culottée

Première réalisation réussie pour Laurent Lafitte. Humour subtil, beaux quartiers, personnages de la classe supérieure, thèmes psychologiques : on tient peut-être notre Woody Allen français.

Sur le papier, le pitch est un sujet casse-gueule : Jean-Louis (Laurent Lafitte), avocat quadra, constate que son coeur ne bat plus. Sa compagne (Karin Viard) et lui consultent une gourou des beaux quartiers (Nicole Garcia). Son verdict est sans appel : pour résoudre le problème de Jean-Louis, ce dernier doit lui apporter une photo du vagin de sa mère, car elle doit le voir. Une photo une vraie, avec un support, pas en numérique. D’où le choix du Polaroïd, qui sera vite au cou de l’ami de Jean-Louis, Vincent Macaigne, car le temps presse. Macaigne, en véto poissard, est méconnaissable sans barbe et affublé d’une coupe de cheveux très BCBG.

Eviter l’écueil du graveleux

Le postulat est donc clair : ça passe où ça casse : le plus grand risque, c’est de réaliser une comédie qui vire au propos bête, vulgaire voire sordide. De ce côté là, même si la bienséance est gentiment secouée, Lafitte évite l’écueil. L’autre risque c’est d’être drôle (le sexe, ça fait toujours rire) mais sans le moindre sens. Là aussi, le scénario sait s’emparer avec humour de thèmes freudiens : filiation, mensonge, traumas infantiles, sans non plus verser dans le cours en Sorbonne.

Vieillir à l’écran

Le fait que ce soit Hélène Vincent, qui jouait madame Le Quesnoy il y a plus de quarante ans dans “La Vie est un long fleuve tranquille”, qui joue la mère de Jean-Louis, apporte forcément quelque chose au rôle. On a vu Sophie Marceau vieillir de ses quatorze ans à aujourd’hui et passer de Pinoteau à Ozon, et l’on a également vu Hélène Vincent passer à l’écran de maman à grand-maman.

Grandir

Jean-Louis a beau avoir 42 ans, ce qui se joue à l’écran va faire tomber des masques. Et le faire grandir psychologiquement. Ça peut être très profond, en somme, la photographie d’un vagin… même si c’est en basse résolution comme un Pola vintage.

ALERTE SPOIL : d’ailleurs, quand le générique défile, ne partez pas de suite. D’abord vous entendrez “This is my life” de Shirley Bassey, mais en plus le film finit réellement quelques minutes après.

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Jean-Marc Grosdemouge