“Macaire le Copte”, fou de Dieu

“Macaire le Copte”, fou de Dieu

En 1981, François Weyergans nous emmenait en Basse-Egypte au IVe siècle. Macaire est esclave, pilleur de tombe puis moine. Un moine qui s’impose de mener une vie hors du commun, afin de trouver sa vérité. Un homme ivre de Dieu. Un livre intense.

En ce moment, je lis beaucoup de livres spirituels, et j’avais eu envie de lire “Les hommes ivres de Dieu” de Jacques Lacarrière, ce que je n’ai pas encore fait.

Récemment, les “Récits d’un pélerin russe” m’ont remis en tête les solitaires. Et j’ai donc récemment fait l’acquisition de la “Petite philocalie de la prière du coeur” (pierre angulaire de la prière orthodoxe) et “Macaire le Copte”, qui est plus centré sur les Chrétiens d’Orient, aujourd’hui si malmenés.

J’ai envie de partager cette lecture avec vous parce que “Macaire le Copte” ‘est un roman qui se lit très vite, mais qui est d’une rare intensité. Le personnage, Macaire est un Egyptien chrétien au temps des derniers pharaons, qui décide d’aller se retirer dans le désert. Il y restera jusqu’au bout, nu, maigre comme un clou, la peau brûlée par le soleil. Au bout de quelques années, il ne peut plus articuler, son corps est devenu la prière même et les pages de François Weyergans s’envolent, aussi légères que le saint homme.

A notre époque, tout le monde est connecté à un objet, qui est censé le connecter à ses semblables, mais quelles solitudes accumulées dans nos vies ! On dirait que des tas de solitudes se croisent chaque jour, sans se rencontrer. Macaire, lui, est connecté à Dieu. Cela commence par l’envie d’être connecté à Dieu, et puis Macaire y parvient peu à peu et à la fin, il est connecté à Dieu, rien qu’à Dieu. Et nous aussi, modestement il est vrai, par la grâce des mots de Weyergans.

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Jean-Marc Grosdemouge

François Weyergans “Macaire le Copte”, Folio-Gallimard, 1984, 181 pages.

Infos : le site de Gallimard

extrait :

Il avait souvent eu peur. Il n’avait plus peur. Toute sa vie, il avait voulu se rendre meilleur. Il était en train de devenir parfait. Cela ne l’effrayait pas. Il avait quelque chose d’ardent et d’immatériel : il se promenait dans le désert, nu et voûté, d’un pas ferme, et ne se considérait que comme un soldat du Christ, résistait à la mort par habitude et pensait que la vie dans le monde créé, matériel et visible, était la dernière chance que Dieu donnait aux hommes, qui furent dans un autre temps des êtres uniquement spirituels, de retrouver leur état d’extase initiale.

Jean-Marc Grosdemouge