Nick Cave and The Bad Seeds “Nocturama”

Nick Cave and The Bad Seeds “Nocturama”

Comme son nom l’indique, le nouvel album de Nick Cave est un disque nocturne. Même s’il s’ouvre par le calmement chaloupé “Wonderful life” (deux mots qui n’avaient pas aussi bien sonné dans la bouche d’un chanteur depuis Sparklehorse en 2001), on imagine que les nuits de l’australien doivent être agitées. Des titres comme “Dead man in my bed” ou “Baby, I’m on fire” en sont la parfaite illustration.

D’ailleurs, n’allez pas croire que ce disque est fait pour vous endormir : s’il débute comme un album des anglais Tindersticks, et que le violon de Warren Ellis vous berce un peu, l’énergie rock à laquelle les Bad Seeds nous ont habitué lors des précédents albums reprend vite le dessus.

La nuit, chez Nick Cave, il est question de partir sur un bateau (“He wants you”), de Gibraltar, mais aussi d’un jardin (“Bring it on”). Alors, partir sur les flots ? Ou rester sur la terre ferme ? Dans le cas de Cave, la réponse se trouve peut-être dans les paroles de “There is a town” : “C’est un ville où je suis né, loin, très loin de la mer. Et dans cette ville où je suis né, je rêve qu’un jour je partirai et traverserai la mer”.

Il n’a peut-être pas encore décidé s’il part ou s’il reste, mais depuis son univers, depuis le jardin qu’il cultive, il nous envoie de ses nouvelles. Entre calmer le moteur à près de 45 ans, où jeter ses dernières forces dans un maelström de son, il n’a pas non plus choisi, et il faut, sur cet album, compter avec les nombreuses ruptures de rythmes, et les vagues de son déferlant qui surgissent parfois.

Donc ce n’est pas la peine de réserver l’écoute exclusive de ce disque à vos nuits. A moins qu’elle soient encore plus agitées que celles de Nick Cave. Mais il semblerait que dans ce domaine, comme dans bien d’autres, notre homme soit imbattable.

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Jean-Marc Grosdemouge

Nick Cave and The Bad Seeds “Nocturama”, 1CD >(Mute/Labels), 2003

Jean-Marc Grosdemouge