Pineapple Corner : fruit of the loom

Pineapple Corner : fruit of the loom

   Pineapple Corner est un duo : la rencontre du volubile Tony Match, et du discret Soul G, également producteur du groupe hip hop La Rumeur. Rencontre avec ces deux français habillés non pas par Fruit of the loom, mais par une marque de streetwear, et auteur d’un premier album au son breakbeat jazzy à l’esprit très anglais… Propos recueillis par Jean-Marc Grosdemouge

Epiphanies : En découvrant votre album, “Pineapple Corner”, j’ai été surpris. Je croyais que vous étiez anglais.

Tony Match : En rencontrant des gens, ce genre de réflexions vient spontanément, c’est vrai. Ils n’ont pas l’impression que ce sont des français qui ont fait ça.

Et vous en jouez ?

En choeur : non, du tout !

Soul G : On ne pensait pas sortir l’album en France, parce que (moue)… voilà.

MLM : Ce n’était pas, selon vous, le genre de disque susceptible de marcher en France ?

Tony Match : à l’époque où on l’a réalisé, il y a un an ou deux, ce disque n’était pas dans le style qui fonctionnait. Ce qui marchait fort, c’était la “french touch”. On a fait un album qui était plutôt destiné à l’Angleterre ou aux USA. On ne fait pas la même chose que Supermen Lovers, on ne se sentait pas de la famille … enfin, c’était notre analyse perso.

Vous ne vous êtes pas dit : faisons un album nu jazz ?

Soul G : les morceaux de l’albums sont des morceaux qui peuvent avoir été enregistrés à cinq ans d’écart, et on n’a rien ciblé…

TM : On a fait beaucoup de titres. Et en studio, ces dernières années, on n’était pas dans le son de l’époque. Et encore aujourd’hui, on n’est pas dans le style du moment.

Ca fait penser au son Mo’wax, un peu hip hop…

TM : Les gens reviennent un peu à ça, en ce moment : un son avec un parti pris plus fort.

Et des mélanges ?

TM : Une grosse partie s’est engouffrée dans une influence pop, mais il y a aussi un retour au hip hop, ou à des rythmiques plus lentes, un peu plus fat.

En parlant de hip hop, l’un de vous fait partie de La Rumeur …

Soul G : C’est moi. J’ai commencé la musique en 83, j’ai été DJ vers 85-86, ensuite j’ai fait partie du groupe Ladies Night en 89-90, puis vers 94, Back To Beat. Et en 96, j’ai rencontré La Rumeur. C’est par scène interposée que j’ai rencontré Tony.

TM : J’avais une boite de management, tourneur.

SG : Je crois qu’il voulait nous trouver une date…

TM : Je connaissais le producteur de la Rumeur de l’époque, il m’avait demandé de trouver des plans pour le groupe. C’est comme ça que j’ai rencontré Soul G, vers 97-98. J’avais aussi un studio, qui est devenu notre studio, et il m’a fait écouter des titres qu’il faisait en dehors de la Rumeur, d’où l’idée de travailler sur un projet commun. Ca se passe comme ça : tu fais un essai sur un titre.

Et tu vois ce que ça donne …

TM : Oui, tu vois si ça le fait musicalement et dans la façon de travailler…

Tu avais déjà fait de la musique ?

TM : J’étais batteur, c’est mon premier instrument, depuis l’âge de sept ans. Mon cursus de mélomane, c’est plus la musique classique, le jazz. J’ai aussi travaillé avec l’Orchestre National de Jazz. J’ai aussi bossé avec MC Dynamax, qui est sur l’album (membre de la “Zulu Nation”, NDR). Il vient du Bronx, est très ancré dans le hip hop. Pendant six mois, j’ai bossé avec lui sur des titres. C’est cette expérience qui m’a fait me diriger vers la production, et délaisser le travail de sideman.

Avec Dynamax, tu travaillais à New York ou à Paris ?

TM : A Paris. Cela fait un moment qu’il fait des aller-retours entre chez lui et ici. On a des points en commun tous les trois : on aime bien certains trucs en hip hop. Je ne suis pas aussi calé en la matière que dynamax ou Soul G, mais c’est une musique que j’aime beaucoup, que j’ai appris à connaître et à produire. Il faut connaître les points forts de la personne en face de toi, sa façon de produire. Notre atout avec Soul G, c’est qu’on connaît nos techniques respectives, ça permet d’aller à l’essentiel. Il faut connaître l’utilité de chacun. Certains musiciens se sont engouffrés dans le hip hop dans respecter la manière de le produire : sampler, cubase, platine. Certains se lancent dans ce genre de musique en faisant tout sur ordinateur, avec plein de petits sons. C’est plus de l’habillage sonore que de la composition.

Soul G : On a un sampler, un Atari, le Cubase.

TM : Et du live. Il y a de la vraie du trompette, du Rhodes. Soul G joue de la basse aussi.

Et si, au final, vous deviez une étiquette à votre musique, vous la définiriez comment ?

En choeur : musique électronique.

Infos : la chaîne Youtube de Soul G

Photo ; Jean-Marc Grosdemouge

Jean-Marc Grosdemouge