Prince "3121"

Prince "3121"

Comment ça, vous aviez presque oublié votre vieil ami Roger Nelson ? Celui qui dans les années 80, aux côtés de Michael Jackson, représentait le meilleur du groove venu d’outre-Atlantique ?

Il est aussi celui qui vous a souvent fourni le slow de la mort pour conclure (chaque personne à la vie sexuelle épanouie a chez lui “Scandalous” et “Purple rain” sur disque) ne passe jamais en concert par chez nous, et celui dont la dernière apparition télévisée en France remonte à il y a plus de dix ans, chez Canal + (vous savez cette chaîne où les dealers étaient embauchés comme assistants pour ne pas que les cocaïnomanes maison aient à traverser tout Paris pour avoir leur dose) eh bien ce Prince-là est de retour…

Bref le Kid de Minneapolis, du reste pas si kid que ça puisqu’il approche de la cinquantaine, a toujours assumé sa couleur de peau (pas comme Michael Jackson) et a eu des démélés avec son précédent label (comme Michael Jackson) a eu l’inspiration en berne pendant les années 90 après avoir marqué les années 80 au fer rouge de son talent, le kid donc est sérieusement de retour aux affaires depuis deux ou trois ans, et livre des albums de funk futuriste, et nous invite chez lui : 3121 est son adresse, mais à quelle rue, dans quelle ville ? On ne nous le dit pas hélas. Les amateurs de belles demeures jetteront un regard avide sur le luxueux intérieur de Prince, superbement photographié et complaisamment présenté dans le livret intérieur du disque.

Prince fait partie de l’histoire de la musique black US, avec James Brown, Curtis Mayfiled ou Marvin Gaye. Il capitalise énormément d’envie sur son nom : si demain il sort n’importe quel disque, ça se vendra quand même un minimum. Il pourrait cyniquement livrer des albums juste pour engranger un peu de sous et payer la taxe d’habitation de sa somptueuse demeure, et la jouer économique artistiquement (il paraît qu’il a des centaines de chansons d’avance déjà enregistrées dans ses placards et que Prince a de quoi continuer sa carrière encore vingt ans après sa mort) mais il veut prouver que la nouvelle génération (Missy Elliot, Jay Z, Outkast, etc.) n’a pas trop à se rejouir de l’enterrer demain. Même sirupeuse (“Satisfied”) sa soul a encore de beaux jours devant elle.

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Jean-Marc Grosdemouge

Prince “3121”, 1 CD (NPG/Universal), 2006

Jean-Marc Grosdemouge