Rothko "A continual search for origins"

Rothko "A continual search for origins"

Voici un joli disque de rock contemplatif, en droite ligne des travaux ambient de Brian Eno ou de Labradford. Bien sûr, il n’y a qu’un label comme Too Pure qui nous fit découvrir des artistes singuliers tels que Laïka, Mouse on Mars, Murry The Hump, ou Long Fin Killie, pour proposer un disque aussi aventureux.

Rothko est un groupe composé de Jon Meade et Crawford Blair, réunis autour du suisse Mark Beazley. Rothko comme le peintre russo-américain. Ce peintre qui peignait de grands aplats de couleurs. Un peintre qui ne fait pas dans le figuratif, mais dans l’abstraction. Un nom de peintre qui résume assez bien la démarche du groupe. Ici, pas de chansons, mais un brin d’abstraction.

Cette “recherche continuelle des origines” est un retour aux fondamentaux, un long travail d’épure : ici, les guitares n’en font pas trop, les mélodies se déploient doucement, les atmosphères prennent leur temps pour s’installer. Les voix, parfois, donnent une tonalité presque religieuses aux morceaux (“St Giorgio”). Et quand la pluie est de la partie (“Bloodtied”), on atteint le sublime. On se croirait dans un après-midi pluvieux, sous la couette, au chaud, à lire ou à écouter de la musique, protégé des petites gouttes de pluie qui tombent au dehors. Mais on les entend, et c’est d’autant plus agréable d’être au chaud. Et comme de bien entendu, on a pas envie de faire quoi que ce soit.

D’ailleurs, la musique de Rothko ne semble pas dire autre chose : ne bougez pas, restez là, profitez de l’instant. Relax. Pas de BPM, pas de démonstration de virtuosité de la part de ces instrumentistes-là. Personne ne réclamme à tout prix l’attention. La musique de Rothko accompagne votre méditation, elle ne cherche pas à tout prix à détourner votre attention. Elle propose plus qu’elle n’impose. Comme chez Bed, comme chez Low, on joue ensemble, on communie ensemble. On crée un moment à part. La musique de Rothko vous enveloppe. Son message, en filigrane, est : bienvenue dans un cocon sonore.

Les compilations de musique douce fleurissent un peu partout. On a même vu une compil “pour faire la sieste” sortir récemment. Oubliez-les. Si vous ne devez retenir qu’un seul disque pour peupler vos nuits cette année, ce sera incontestablement celui-là.

rothko cd

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Jean-Marc Grosdemouge

Rothko “A continual search for origins”, 1 CD (Too Pure), 2002

première publication : 9 octobre 2002 sur feu M-la-Music.net

Jean-Marc Grosdemouge