L'harmonie perpétuelle des Beach Boys

L'harmonie perpétuelle des Beach Boys

     Etes-vous plutôt Beatles ou Rolling Stones ? Ni l’un, ni l’autre… Et si finalement, le groupe pop ultime était ce groupe californien ? pour vous en convaincre, leur biographie en images sort en DVD.

beach boys endless dvd     Et dire que sans la crise économique, on écouterait peut-être pas les Beach Boys… On a beau être farouchement contre la misère économique, cela n’empêche pas de se dire que tout de même, ce krach boursier a eu une petite conséquence positive : si la grande dépression qui s’en est suivie n’avait pas touché des millions d’Américains, les aïeux Wilson n’auraient peut-être jamais fait le déplacement du Kansas en Californie, ce pays de cocagne où la fortune, dit-on, sourit à tous ceux qui veulent bien se donner un peu de peine au travail. Tout commence donc au début des années 60, quand les frères Wilson, Dennis, Carl et Brian, Californien du Sud et fils d’un compositeur de petite envergure qui n’a pas réussi et s’en trouve fort aigri, s’allient à leur cousin Mike Love et à Al Jardine pour se mettre à la musique. Mêlant l’énergie de Chuck Berry aux harmonies vocales du groupe The Four Freshmen, les Garçons de la Plage lancent leur start up musicale. La recette est simple : des histoires de bagnoles (“409”, “Little deuce coupe”) pour ceux qui vivent à l’intérieur du pays, et des chansons sur le surf pour plaire aux Américains qui vivent sur les côtes est et ouest. Pourtant, le seul membre des Beach Boys à pratiquer l’art de planche est Dennis, les autres ne s’y adonnant jamais.

     Les Beach Boys ont à peine le temps de vivre un an au top qu’apparaissent déjà les Beatles, tout droit venu d’un bled bien moins ensoleillé que la Californie. Brian Wilson, le génie à moitié sourd qui entend des musiques dans sa tête depuis sa prime jeunesse, relève le gant et pond un chef d’oeuvre absolu, le majestueux “Pet sounds”. Il veut continuer à ferailler avec les Fab Four, et projette de sortir “Smile”, avant de jeter l’éponge. Epuisé par les drogues et gagné par la parano, il sombre dans la folie, part se coucher… pour des années. Le groupe continue sans lui, avant de le réintégrer (le documentaire inclut des images de “Good Vibrations Tour”, documentaire sorti précédemment et consacré à ce moment précis), puis continue bon an mal an. De mal en pis pour être plus précis, puisque le groupe, qui incarne une sorte d’idéal type de la middle class américaine, s’affiche dans les années 80 auprès du président républicain Ronald Reagan, et perd successivement le batteur Dennis (qui meurt noyé à 39 ans, en 1983) puis Carl, en 1996.

     Depuis, Brian Wilson a sorti plusieurs albums solo (le documentaire a été tourné alors qu’il venait de finir d’enregistrer l’album “Imagination”), tourné dans le monde pour jouer les albums “Pet Sounds” et “Smile” sur scène, avant d’enregistrer “Smile”, l’an passé, avec quelque trente sept ans de retard. C’est donc bien lui, Brian Wilson, le pivot central du groupe, celui sans qui les Beach Boys ne seraient rien. Et même si c’est une bien une histoire de famille que celle des Beach Boys, “groupe qui a apporté une contribution majeure…” (vous connaissez la suite, c’est toujours la même dans les documentaires), ce DVD est bien une nouvelle pierre à aposer à l’édifice que l’histoire de la pop érige année après année à la gloire de Saint Brian. L’harmonie perpétuelle a fait long feu chez les Beach Boys : Brian Wilson n’a même plus le droit d’utiliser le nom du groupe pour se produire sur scène.

Jean-Marc Grosdemouge

“The Beach Boys. Endless harmony”, 1 DVD (Eagle Vision), 2005

Jean-Marc Grosdemouge