Marc Ribot “Saints”
Ce disque est celui d’un musicien visblement doué, oui mais le guitariste Marc Ribot ne s’entoure pas de musiciens, et ne s’encombre pas d’arranger ses morceaux mais l’effet bru et écroché de ces musiques a aussi son charme.
Son jazz tient plus du blues urbain décharné, parfois mal dégrossi, amaigri, gratté jusqu’à l’os. Cet album met du temps à se laisser apprivoiser : les premiers morceaux sont assez difficiles d’accès, puis l’oreille s’habitue à ces morceaux tous crus, à ces effets que Ribot sème un peu partout.
Ce n’est qu’au bout de quelques écoutes que l’on arrive enfin à goûter pleinement ce qui fait le sel de cet album : un dépouillement extrême, qui est là pour mettre en valeurs les morceaux.
Quand certains jazzmen tuent leurs œuvres en les gavant de sucre, les noient sous un déluge de cordes ou d’arrangements glamour et bien proprets, Marc Ribot anémie le superflu, se concentre sur l’essentiel. Résultat : c’est beau mais un poil difficile à partager avec les autres. A écouter seul, et de préférence si l’on est habitué à ce genre de choses avant-gardistes.
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Marc Ribot “Saints”, 1 CD (Atlantic/Warner Jazz), 2001
Saints / Book of heads 13 / I’m getting sentimental over you / Empty / Happiness is a warm gun / I’m confessin’ (that I love you) / Go down moses / St James infirmary / Somewhere / Holy, holy, holy / It could have been very very beautiful / Witches and devils
première publication : lundi 31 décembre 2001