Holden "Pedrolira"
Mélange de jazz et de pop, “Pedrolira”, le deuxième album d’Holden, confié aux soins du producteur Señor Coconut (vous savez celui qui joue les standards de Kraftwerk façon cumbia ou cha cha), est un essai ô combien transformé.
C’est à Santiago du Chili, dans la maison de Uwe Schmidt (alias Señor Coconut), située rue Predolira, que Holden a mixé son deuxième album. Le premier, “L’arrière monde”, est paru il y a quelques années chez Lithium. Un label dont l’esthétique et la rigueur quasi-janséniste ne correspondait plus tellement à Armelle et Mocke, les co-fondateurs du groupe), qui ont décidé d’aller voir ailleurs et ont trouvé refuge au Village Vert.
L’album s’ouvre sur “C’est plus pareil”, qui fut le premier single extrait de cet album (on le retrouve en fin d’album, mixé par Daniel Presley). Une chanson où la voix (comment la qualifier ? boudeuse ?) d’Armelle s’en donne à coeur joie. Derrière elle, les violons crissent et le vibraphone cadence le tout… formidable. Ambiance un peu étrange sur le deuxième titre, avant un retour au swing sur “Une fraction de seconde”, qui évoque à foxtrot années cinquante qu’aurait pu chanter Carmen Mc Rae (“Old devil moon”).
Certains titres sonnent un peu sixties (“Je te reconnais”, avec son piano et sa batterie grêle, sonne un peu yéyé”), et la voix d’Armelle évoque, et c’est un bonheur, la préciosité de Françoise Hardy, notamment sur “Tunis”, qui est aussi fort que “Tous les garçons et les filles de mon âge.” Avec “La belle vie”, on est dans le rock des champs façon Mazzy Star. A bien y regarder, Armelle est un peu la Hope Sandoval qui manquait cruellement à la France. Entendez : une voix sensuelle, caressante, et en plus, dont on comprend aisément le propos. “Série B”, enjoué, puis “Margot”, avec son orgue sombre, et enfin “La saison des touristes” et son bandonéon à la Dino Saluzzi viennent compléter cette collection de mélodies précieuses, délicieuses, addictives. Addictives, oui, c’est ça le mot. Mine de rien, on devient vite accroc à ces petites chansons rudement bien foutues.
Pas de trace de calypso, dont l’argumentaire fourni par la maison de disques fournit, et que “Télérama” a aussi cru déceler dans “Pedrolira.” C’est à croire que chez Télérama, on lit bien les bios officielles. Un peu trop peut être. Même Mocke n’a pas entendu de calypso dans cet album… Ce qui est sûr en revanche, c’est que “Pedrolira” est un mélange passionnant de swing, de bidouillages électroniques et de sonorités mélancoliques évoquant Jad Wio. Un mélange servi par des paroles et un chant comme on voudrait en entendre plus souvent.
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Holden “Pedrolira” (Village Vert/Small)
première publication : jeudi 7 novembre 2002