Liars “They Threw Us All In Trench And Stuck A Monument On Top”
New-York, encore New York. Après The Strokes en 2001, puis Interpol et Radio 4 en 2002, voici encore un groupe bassé à Big Apple, Brooklyn pour être plus précis. Mais c’est un groupe apatride : le chanteur Angus Andrew est né à Melbourne en Australie, Aaron Hemphill (à la guitare et aux boites à rythmes) de Los Angeles et Pat Nature (à la basse et au synthé) et Ron Albertson (batteur) viennent du Nebraska.
“Ils nous ont jeté dans une tranchée et ont construit un monument dessus” (référence aux poilus de 14 ?) a été produit par Steve Revitte. Quand on sait qu’il a travaillé avec The Jon Spencer Blues Explosion et The Beastie Boys, soit deux groupes U.S. parmi les plus allumés qui soient, on s’attend à un résultat à la hauteur. Et on est servi : rythmes démentiels, guitares en furies, une énergie punk imparable, tout y est. Tels des Vulcain dans leur forge, les Liars produisent un gros son tout à fait jouissif tant le groupe se lâche… Liars convoque la fureur de Rage Against The Machine,le groove des Beastie, porte le tout à ébulition, et remet encore un coup de chalumeau en finition. Voilà pour le gros de l’album. Avant dernier morceau (mais où sont les titres) : un piano, une batterie, ça semble se calmer. Dernier titre : une basse hookienne, striée de guitare, une voix graves, des bruitages, une longue montée, et c’est reparti… pour trente minutes.
Depuis les Ecossais de Mogwaï, qui a offert par exemple vingt minutes de bruit blanc lors de son passage à la Route du Rock 2001, on n’avait rarement vu un groupe se complaire à ce point dans l’étirement des morceaux. C’est évident, la pression ne retombe presque jamais chez Liars. Gageons que c’est d’ailleurs en grande partie pour cela que l’auditeur est embarqué aussi vite dans l’histoire. Quand bien même il aurait commencé à rentrer dans ce disque sur la pointe des pieds, hésitant à rentrer franco dans l’écoute de ce disque (qui est tout de même du genre hypnotique) il se laisserait quand même par se laisseb tirer par le bout du nez. Parce qu’à la fin, les bonnes finissent toujours par prendre le dessus sur nos rétiscences.
Rentrer sur la pointe des pieds, se laisser mener par le bout du nez. Si les métaphores liées au corps abondent c’est qu’un tel disque ne peut que parler au tripes. C’est une musique “à l’estomac”, qui s’adresse à cette part enfouie en nous, la part animale. Qualifié de “groupe punk le plus dur de tous les temps” par “Time Out” édition N.Y.C., et paraît-il impressionnant sur scène, Liars donne tout son sens à l’expression “un groupe qui en a.”
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Liars “They Threw Us All In Trench And Stuck A Monument On Top”, 1 CD (Blast First/Mute/Labels), 2003
Grown men dont fall in the river, just like that / Mr your on fire Mr / Loose nuts on the Veladrome / The garden was crowded and outside / Tumbling walls buried me in the debris with ESG / Nothing is ever lost or can be lost my science friend / We live NE of Compton / Why midnight walked but didnt ring her bell / This dust makes that mud
première publication : dimanche 26 janvier 2003