Emilie Simon “Emilie Simon”

Emilie Simon “Emilie Simon”

Imaginez une fille avec une voix de petite souris : une Kylie Minogue française. Une fille mignonne et qui-n’en-veut, grandie près de Montpellier (quoique l’australienne se soit très vite arrêtée de grandir). Une Kylie n’ayant pas passé son adolescence sur les plateaux TV de soap-operas, mais nourrie aux influences musicales de son papa ingénieur du son, qui recevait des musiciens de jazz dans le sous-sol de la maison pour les enregistrer. Vous avez Emilie Simon.

Imaginez encore une Kylie qui lirait et écrirait donc elle-même ses paroles, une Kylie n’hésiterait pas à monter de temps en temps à Paris pour écumer les librairies de Saint-Germain-des-Prés. Bref, une Kylie intello tout en restant pop, qui travaillerait avec un collaborateur de Björk et Eno (Markus Dravs). On a trouvé cette Kylie… mais il y a un tout petit hic : elle a une voix dont on ne sait pas dans quelle mesure elle a été vocodérisée, traficotée. Une voix qui caresse d’abord, puis nous gêne parfois aux entournures. Quelle est la responsabilité de la technique dans ce maniérisme vocal qui peut parfois lasser ? C’est un peu à ce personnage que fait penser Emilie Simon : une voix proche de la chanteuse de “Can’t get you out of my head” mais avec un univers musical beaucoup plus “under.” Ici, les chansons sont de petites comptines lentes et non des hymnes pour se déhancher où remuer les stades. A la différence d’Avril, qui dans un registre électro-pop ne chante que dans la langue de Shakespeare, Emilie Simon sussure des titres en la plupart sont écrits en français : huit titres, dont le single qu’il l’a fait connaître (“Désert”) s’offrent à l’auditeur sans la barrière de la langue.

Seuls “To the dancers in the rain”, “Flowers” et “Blue light” sont en anglais, tout comme, naturellement, la reprise d’Iggy Pop (“I wanna be your dog”). On pourra regretter que l’irlandais Perry Blake soit sous-utilisé sur “Graines d’étoiles”, un titre aux ambiances sobres. L’album éponyme d’Emilie Simon est un premier essai intéressant, mais mérite-t-il autant d’attention qu’il en a droit depuis sa sortie ? Non, bien sûr. Mais il aura peut-être l’avantage, par la grâce d’une chanson, de faire connaître Perry Blake comme il le mérite.

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Emilie Simon “Emilie Simon”, 1 CD (Barclay/Universal), 2003

première publication : mercredi 19 février 2003

Désert / Lise / Secret / Il pleut / I wanna be your dog / To the dancers in the rain / Dernier lit / Graines d’étoiles / Flowers / Vu d’ici / Blue light / Chanson de toile

Jean-Marc