Deux fois dix ans : les Chemical Bros et Underworld font le bilan

Deux fois dix ans : les Chemical Bros et Underworld font le bilan

Dix ans déjà ! S’ils voulaient nous faire nous sentir vieux, les artistes électroniques made in Britain ne s’y prendraient pas autrement.

Chemical Brothers “Singles 93-03” (Junior Boy’s Own/Labels)

Il faut l’avouer, on a un peu lâché l’affaire depuis quelque temps avec les Frères Chimiques. Il fallait bien une compilation du duo Tom et Ed pour que nous nous replongions dans leur gros son, alors que l’on ne suit plus leurs aventures que de loin. Le big beat est un genre qui me plaisait bien a vingt ans, quand sortait “Exit planet dust”, mais qui ne provoque plus qu’un ennui poli à l’heure actuelle. Les trois premiers titres ont donc une odeur de madeleine de Proust… un peu rance.

Heureusement que l’entraînant “Block rockin’ beats” a bien vieilli et ravive mon attention avant “The private psychedelic reel”, qui a le bon goût de se calmer un peu. Revoilà un tube encore audible (“Hey boy, hey girl”) puis “Let forever be”, mais l’ambiance se plombe à nouveau avec “Out of control”. Suivent le très cool “Asleep from day” (feat. Hope Sandoval), l’énervant “Star guitar” qui se prend pour New Order, et le suprenant “The test”.

Les deux derniers titres nous replongent tout droit dans le son typiquement Chemical qui est précisément celui qu’on a trop entendu. “Golden path”, qui finit l’album sonne comme un “Where the streets have no name” électronique et trop produit. On se demande ce que Wayne Coyne est venu faire dans cette galère. En plus, sur ce titre, on peut avoir quelques sérieux doutes sur sa capacité à chanter juste. Les quelques titres qu’on réentend avec plaisir sur cette compilation n’en font nullement un disque “must have”.

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Underworld “1992-2002” (JBO/V2)

Aussi, même si l’on a été un peu durs avec le dernier album d’Underworld à sa sortie (“A hundred days off”, dont nous déplorions qu’il témoigne un manque de renouvellement de la part du groupe), il faut bien reconnaître qu’il y a plus de profondeur, et une noirceur un peu rock dans ce groupe. D’ailleurs, il paraît qu’avant de se lancer dans la musique électronique, Underworld était un groupe de rock pas terrible.

Il n’en subsiste aucune trace sur cette compilation, puisqu’elle ne s’intéresse à la carrière du groupe qu’à partir de 1992, c’est-à-dire un peu avant la sortie de l’album “Dubnobasswithmyheadman”. Quelques titres en sont extraits, comme “Dirty epic”, “Dark and long”, “Cowgirl” ou “Mmm skycraper I love”. Avant de se plonger dans le prochain opus du groupe.

En tout cas, cette double compilation permet de se faire une idée du style si personnel qu’a su créer Underworld, devenu duo (Karl Hyde et Rick Smith) depuis le départ du DJ Darren Emerson, celui-là même qui avait propulsé la formation dans la culture électronique. Pas de différence entre “Two months off” et “Born slippy” ou “Pearls girl”, extraits de “Second toughest the infants”, l’album par lequel, en 1996, Underworld fut révélé au grand public.

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samedi 15 novembre 2003

Jean-Marc Grosdemouge