Sandra Luna “Tango varón”

Sandra Luna “Tango varón”

Après avoir craqué sur les projets électroniques Gotan Project et Bajofondo, on ferait mauvaise figure en refusant obstinément de s’intéresser au tango originel, puisque c’est lui qui a donné naissance à ce “revival” musical argentin.

Le tango a en effet deux variantes : celle, instrumentale, pour danser, et celle, chantée, dont Carlos Gardel (français né à Toulouse et exilé en Argentine) fut l’un des plus illustres représentants.

Née dans les faubourgs de Buenos Aires, entre le parc à bestiaux et l’abattoir de Mataderos, Sandra Luna pratique le tango canción et n’inclut aucune machine dans son tango. Elle se “borne” à pratiquer le tango à l’ancienne, avec le bandonéon ou le violon, cette musique qu’elle décrit comme “des cendres qui brûlent encore et encore.”

Elle chante avec des sanglots dans la voix, roule les R, et chante son pays, si durement frappé par la crise économique depuis quelques mois : “Carrios cartoneros” parle des nécessiteux qui ramassent les emballages en carton et les revendent pour gagner quelques pesos.

“Le tango, explique Sandra Luna, renferme toute la vie. Il y a des portraits de grands-parents, de parents, d’enfants, de chiens, de rues et la gamme complète des sentiments, de l’absence, de souffrance et de joie, tout ce qui anime les gens.” En effet, tout ce qui anime le genre humain se retrouve compressé dans le tango canción.

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Sandra Luna “Tango varón”, 1 CD (World Connection/Night & Day), 2003

Tango Varón / Carritos Cartoneros / Milonga Triste / Ché Bandoneón / A Un Semejante / El Gordo Triste / Duelo Crollo / La Canción Desesperada / Viejo Gringo / Soledad / En Un Recodo Del Tiempo / Lejana Tierra Mía / Me Llaman Luna / Que Nadie Sepa Mi Sufrir / Y Ahora Qué Haré 

première publication : samedi 1er novembre 2003

Jean-Marc Grosdemouge