Cocosuma “Reindeer show the way”
Ils ont beau s’appeler Fat Chimo du Japon, et Chab de Jab et entretenir une esthétique graphique qui plairait sûrement aux fashionistas de Shibuya, le quartier branché de Tokyo, les garçons du groupe Cocosuma (ce nom a un sens, mais ils se refusent à le livrer) sont bel et bien parisiens.
C’est donc au fond de la cour d’un immeuble parisien du onzième arrondissement, abritant le label Third Side, et partagé avec un bureau de graphistes, que l’on fait leur connaissance. Fat Chimo (absolument pas gras) me fait visiter le studio maison, dans lequel a été en partie enregistré “Reindeer show the way” (traduire : le rêne montre la voie).
Il me montre les claviers vintage et même… un écho à bande. D’autres séances ont eu lieu au studio Gang. Les deux garçons parlent des disques d’or accrochés aux murs avec une gourmandise non feinte. Après un album qualifié de “bricolo” et comparé à The Avalanches (“I refuse to grow up”), Cocosuma s’attaque à la pop intemporelle, et a utilisé du matériel d’époque pour un disque qui tutoie les Byrds ou les Beach Boys. N’allez pas en revanche leur parler de Zero Seven. “Ce n’est pas de la musique” tranchent-ils, attablés dans un café du boulevard Voltaire qui retransmet bruyamment l’étape du Tour de France du jour.
Ce n’est pas de l’Hexagone que l’on parle, mais plutôt de la Suède : c’est le pays de leur chanteuse, Kacey. Après le départ de Jen H. Ka, partie tenter une carrière solo, c’est par une petite annonce qu’elle a été recrutée. Nos compères en avaient laissé dans de nombreux lieux de culte, même pas par souci de recruter une fille toute empreinte de religion).
Et Kacey, qui jusque là, chantait dans la chorale de l’église suédoise de Paris, pose délicatement sa voix (en anglais) sur les miniatures célestes de Cocosuma. Chanter en anglais est-il un choix politique ? Pas du tout affirment les deux hommes, juste parce que la musique qu’ils écoutaient était en anglais. Façon de perpétuer de la tradition, mais en y injectant une pointe de modernité, à la manière de Syd Matters (compagnon de label et venu prêter main forte).
Intemporelle et internationale, voilà la pop de Cocosuma. Un cyclone de douceur qui soufflera longtemps sur nos platines.
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Cocosuma “Reindeer show the way”, 1 CD (3rd Side/Chronowax), 2004
dimanche 12 septembre 2004
Communication’s lost / The servant / Sparks / Hey you ! / So as gentleman you should be more polite / Daisy’s face / Easy terms / Le fusible / (How high) can you fly ? / #1 (in your heart) / What’s left of us / Sailing home