Màrcio Faraco "Com tradição"
Pour qui a succombé aux charmes des balades cordes et guitares (“Aguas passados” sur l’album “Ciranda” ou “Nosso amor de tanto tempo” sur “Interior”) sur ses deux précédents albums, la chanson qui ouvre ce nouvel album du Brésilien exilé à Paris, mais enregistré au pays, a de quoi surprendre, tant elle est rythmée.
Màrcio a en partie délaissé la musique d’”Interior” pour des titres plus orientés samba triste. Et faire une samba sans tristesse, c’est aimer une femme qui ne serait que belle, disait Vinicius de Moraes.
Sur la pochette de son précédent opus, Màrcio posait seul dans un champ labouré de terre rouge. Sur celui-ci, il pose dans la lumière bleue de ce qu’on devine être la terrasse d’un café en ville. Màrcio part se frotter au monde.
Sur cet album en partie plus extraverti que les précédents (en tout cas dans la forme car l’auteur compositeur continue à explorer ses sentiments intérieurs), on entend parfois des choeurs féminins. Ceux qui rendent immédiatement identifiable la musique brésilienne populaire (MPB), genre presque devenu traditionnel.
Mais les chansons de Màrcio restent intimistes : elles sont autant de fenêtres qui donnent sur coeur (“Meu amigo” évoque la mort d’un grand père), et auxquelles le producteur Jean Lamoot a apporté sa patte, à Paris, au Studio Ferber.
Gageons que pour l’auteur-compositeur né à Alegrete, et qui fait honneur à sa ville natale en arborant toujours le même sourire, rien ne sera comme avant suite à une telle “Imprudence”. Une imprudence mesurée : aller chercher la tradition dans le pays où l’on a ses racines, y faire pousser des chansons dans la terre, récolter, puis demander à un autre de faire la composition florale.
Màrcio signe un album qui a pour “avec tradition” et “contradiction”. La contradiction s’incarne dans “Mundo oval”, chanson dans laquelle Faraco dépeint la mondialisation qui lisse les particularités de chaque pays. “I love my português” chante-t-il. Et nous de répondre : “we love you”.
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Màrcio Faraco “Com tradição” (EmArcy/Universal Jazz)
première publication : mardi 20 septembre 2005