Bob Brozman Orchestra "Lumière"
“Tiens un orchestre traditionnel” se dit-on si l’on regarde distraiment ce disque. Et en regardant de plus près on constate que d’orchestre, celui-ci n’a en réalité que le nom puisque son personnel est composé de la même personne, dupliquée comme les clones du dernier roman de Houellebecq. Bob Bozman est un drôle de zèbre qui a enregistré tous les instruments lui-même.
Par le passé, Stefan Micus a fait la même chose pour reconstiuter les chants du monastère du Mont Athos, et Jay Alanski utilise ce procédé pour son projet A Reminscent Drive. Bozman fait de même, et y ajoute une touche de folie, un pincée d’exotisme, un je ne sais quoi de loufoque.
Ce guitariste Est un maître de la National, cette guitare au coffre métallique que Dire Straits a mis sur la pochette de “Brothers in arms”. Il débute l’enregistrement d’un titre par un solo, puis y greffe d’autres motifs, en allant piocher dans les instruments typiques : le kantele finlandais (une harpe à dix-huit cordes), le chaturangi, la guitare hawaïenne ou le baglama grec.
Comme ces nerds qui passe leur vie seul chez eux (à ceci près qu’il a travaillé avec le producteur Daniel Thomas) et peuvent vous parler pendant des heures de pays qu’ils n’ont visité que dans les atlas, Brozman nous envoie depuis son studio des cartes postales sonores d’Argentine (le tango), du japon (“Yaeyama Okinawa”), d’Afrique (“Afro manda”), ou de la Réunion (le maloya). Voilà une image positive de la mondialisation, qui s’il elle fait parfois des ravages en économie, fait des merveilles dans l’art. Prévenons tout de suite Zach Condon : on a trouvé le père spirituel de Beirut.
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Bob Brozman Orchestra “Lumière” (World Music Network/Harmonia Mundi), 2007
samedi 27 octobre 2007