“L’enlèvement de Michel Houellebecq”
Auteur de films épatants (on a déjà évoqué dans ces pages “Valley of Love” mais on conseille aussi “Les Confins du monde”), Guillaume Nicloux signait en 2014 un film ovniesque, basé sur l’écrivain Michel Houellebecq, qui joue ici son propre rôle.
Nicloux part d’un fait réel (pendant quelques jours, Houellebecq a disparu et la pertit milieu des lettres s’est demandé ce qui avait bien pu lui arriver) et le transforme en enlèvement pour les besoins de ce téléfilm. Ainsi l’auteur des “Particules élémentaires” se retrouve embarqué par des loubards et mis au vert dans une sorte de terrain vague du Loir et Cher, rempli de ferraille et des containers de chantier…
Ses ravisseurs (Luc Schwarz, Mathieu Nicourt et Maxime Lefrançois) ne portent pas de cagoule mais leurs personnage le même nom que dans la vie, et ne savent jamais réellement quelle posture adopter : certes ils le menottent mais pas tout le temps, le privent de briquet, et le rationnent côté boutanche, mais peu à peu une relation complice se noue entre eux.
Il faut dire que nos loubards ne sont pas communs : Luc s’intéresse aux livres de Houellebecq, Mathieu est fan de MMA (ce qu’il est dans la vie puisque c’est un champion) et essaie de partager sa passion avec son captif, et Maxime est au fond un grand sensible. On passe donc plusieurs jours en huis clos avec ceux là , complétés par les parents de l’un deux, Dédé et Ginette, qui préparent la tambouille, jouent aux cartes et papotent avec l’écrivain jusquà ce que la rançon tombe. Elle tombera : c’est d’ailleurs Karim Achoui qui convoie les billets. Lui-même avocat dans la réalité au moment du tournage, il a depuis été radié du barreau pour manquement à la déontologie car il était proche des bandits. Voilà qui a de quoi ajouter au trouble créé par ce récit.
Question inévitable : pourquoi L’écrivain a-t-il été kidnappé . On spoilera pas ce point, puisque le synopsis tient en quatre lignes et qu’on vient de vous le dévoiler. Les houellebecqomaniques peuvent aussi se ruer sur la suite, “Thalasso”, film tout aussi barré dans lequel Notre Héros se retrouve cette fois à la diète et en peignoir et chaussons, mais à quelques pas de la chambre d’un certain… Depardieu Gérard, jouant lui aussi -et c’en est troubant, son propre rôle.
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