En Grèce, la trap au cœur d’une polémique sur la violence et la censure
Au pays de Socrate, le Conseil national de la radiotélévision (CNR, l’équivalent de notre ARCOM) a convoqué trois figures majeures de la scène trap, Snik, Toquel et Rack, pour répondre d’accusations liées à la “diffusion de contenus nuisant au développement des mineurs” et à “l’incitation à la violence et à la haine”.
Cette démarche, explique “Courrier International”, qui relate les prises de positions de divers médias héllènes, s’inscrit dans un climat de préoccupations croissantes face à l’explosion des violences juvéniles dans le pays, explique “Courrier International”. Les sanctions envisagées incluent des amendes pouvant atteindre 500 000 euros et des fermetures de plateformes.
Un débat entre liberté artistique et responsabilité sociale
Si les accusations semblent s’appuyer sur des références explicites aux actes criminels dans les paroles et vidéos des artistes, la presse grecque, notamment “I Kathimerini”, rappelle que la liberté d’expression constitue une limite légale difficile à franchir. Cette controverse reflète une tension entre une nécessaire régulation et le risque d’une censure culturelle. Le débat reste ouvert, mais comme le souligne “Oneman”, la frontière entre régulation et censure est mince. Les décisions à venir du CNR pourraient créer un précédent majeur pour la scène musicale grecque.
Pour des journaux conservateurs comme “Parapolitika”, la trap incarne une culture de violence et de provocations qui influence directement les comportements déviants des jeunes. Mais des médias culturels comme “Lifo” appellent à la nuance : la trap, issue des quartiers défavorisés d’Atlanta, est pour les jeunes grecs, souvent marqués par la crise économique ou des trajectoires d’immigration difficiles, un moyen d’exprimer leur désespoir.
Le média “Lifo” va plus loin, suggérant que la criminalisation de la trap pourrait servir à dissimuler les failles du système politique, notamment dans la gestion des jeunes. La trap ne serait alors pas tant un problème qu’un symptôme d’une société en crise, après des années d’austérité dictée par le FMI. Mais c’est une recette bien connue : au lieu de blâmer la maladie capitaliste, on s’en prend au thermomètre.
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