Médias de la haine : quand la propagande se fait passer pour du journalisme
Hier soir est sortie une enquête implacable et salutaire à partager en masse. C’est aussi un appel à financer le travail de très grande qualité fourni par Off Investigation, l’un des quelques médias encore respectables de notre pays.
La démocratie française est bien malade MAIS voyons le bon côté des choses : tout n’est pas perdu et l’on peut encore publier une enquête sur les médias de la haine (CNews, BFM, LCI, Europe 1 etc.) et contribuer au financement des prochains épisodes. Si par malheur la France devait sombrer un jour dans un régime totalitaire, on se souviendra qu’il y a eu, dans le contexte pré-fasciste que nous vivons des voix pour alerter.
Notre époque est pré-fasciste (ou en voie de fascisation) dans le sens où l’Etat et ses institutions ne sont pas fascistes, mais une bonne partie des cerveaux le sont déjà. La fachosphère a beaucoup lu Gramsci et son concept d'”hégémonie culturelle” qui veut qu’avant de vaincre dans les urnes il faut d’abord s’attaquer aux cerveaux.
Comme l’explique ce long documentaire d’1 heure 28, préparé par Off Investigation, fondé par Jean-Baptiste Rivoire, ancien journaliste-enquêteur de Canal+ viré par Bolloré, aujourd’hui, à l’aide des médias qu’ils contrôlent, une poignée de milliardaires (Vincent Bolloré, Patrick Drahi, Martin Bouygues, Bernard Arnault) prennent la démocratie en otage.
En martelant toujours les mêmes thèses à base grand remplacement, de peur du musulman et en instrumentalisant ad nauseam le moindre fait divers, ils créent un climat de peur qui rend la Français plus attentifs au sirènes de l’extrême droite. Ce document montre par exemple comment Cnews a fait un reportage sur la sortie en librairie d’un livre de Zemmour (du jamais vu) où comment Europe 1 fait croire que la paisible ville d’Aurillac est en proe à l’insécurité, par un micro-trottoir sinon mensonger plus que douteux.
L’Arcom est certes là pour réguler, même comme l’explique l’avocate Caroline Mécary, la fermeture de C8, annoncée récemment, est plutôt une bonne affaire pour Bolloré puisque cette chaîne perd de l’argent. Pressions des chefferies sur des journalistes pigistes, accusations d’antisémitisme contre Jean-Luc Mélenchon et Dominique De Villepin (relayées même par le service public via France Info), cette enquête donne toutes les clés pour comprendre pourquoi notre époque pue à ce point.
Pourquoi notre époque pue-t-elle le fascisme ?
Notre époque pue le fascisme parce que toute parole minoritaire y est écrasée : sur Cnews, LFI a du temps de parole… la nuit. Et les défenseurs de la cause palestinienne sont pris pour cible par ces médias, qui ne font que commenter l’actu avec des biais évidents, dûs à leur côté partison. Ces médias de la haine saturent l’espace public de leurs obsessions et modèlent une opinion publique bien docile, prête à voter RN. La veille de la sortie de ce doc, Jordan Bardella était l’invité de Léa Salamé dans “Quelle époque !”.
Le doc pose la question : “objectif, guerre civile ?” Et il est sain de s’interroger : quel est le but de ces milliardaires ? Quel est leur agenda ? N’oublions pas qu’avant d’être propriétaire de Europe 1, “Paris Match” et le “JDD”, qu’il a tous perdus, Lagardère est un marchand d’armes.
Pour continuer à mener ce travail salutaire, Off Investigation veut financer deux nouveaux épisodes. Coût : 80 000 euros. Au moment de publier ces lignes, près de 13 000 ont été récoltés. Faites chauffer les CB !
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Mise à jour :
17/11/2024 Le Monde : “L’école de journalisme ESJ Paris reprise par des propriétaires de médias, dont Vincent Bolloré et Rodolphe Saadé”