Denez Prigent, 29 mai 2017 à Paris (Pan Piper)

Denez Prigent, 29 mai 2017 à Paris (Pan Piper)

En ce soir d’un lundi caniculaire sur la capitale, c’est à une veillée hivernale, au coin du feu qu’on a eu l’impression d’assister au Pan Piper. La salle du passage Lamier, dont l’acoustique parfaite rendait hommage à la magistrale voix de l’hôte, accueillait en effet le Breton Denez Prigent.

Passé maître depuis plus de vingt ans dans l’art du gwerz sur disque (mais il commencé à chanter à seize ans) le chant traditionnel breton, Prigent, est en effet un conteur autant qu’un chanteur hors-pair : la plupart des titres sont introduits en français, pour expliquer le sens de ce qui va suivre : des histoires simples d’oiseaux, de mort, d’amour, qui font retomber en enfance. Et chaque chanson se déroule comme une histoire, sans structure couplet-refrain

Prigent a un accent bien prononcé (assez proche de l’accent belge parfois) mais quand il entonne en breton, sa voix s’envole. C’est entouré d’un orchestre qui sait créer de subtiles ambiances qu’il se produit : un guitariste douze cordes côté jardin, et un violoniste et un souffleur (duduk, bombarde, etc.) côté cour, un contrebassiste en fond de scène, tout comme le batteur, qui tâte aussi des percussions empruntées à des cultures très diverses. Après plus d’une heure à écouter les histoires de Prigent, vient l’heure de danser avec un danz plinn gravé sur l’album “Sarac’h” en 2003 : “Garnison” et certains spectateurs et spectatrices, de tout âge ne se font pas prier et se lèvent instantanément pour danser en ronde, côte à côte en se tenant la main.

Rappel court, sobre et extrêmement fort avec un titre chanté a cappella par Denez Prigent, qui prouve (même s’il n’a plus à le prouver) sa totale maîtrise du chant, en faisant vivre dans sa chanson des intonations et des émotions à pleines brassées… Si l’on ajoute que la première partie, un compatriote , Marion Mayer, était épatante (on se serait cru entrer au Sin-é, pour y écouter Jeff Buckley et se dire “tiens, ça peut aller loin ça”), vous avez compris que la soirée était parfaitement réussie.

Jean-Marc Grosdemouge