Jean-Baptiste Tuzet "Crooners"

Jean-Baptiste Tuzet "Crooners"

Il y a encore dix ans, les crooners étaient ce qui se faisait de pire dans le genre ringard. Et puis Nick Tosches et son livre “Dino”, Henri Salvador (avec le come back de “Chambre avec Vue”) ou Robbie Williams sont, entre autres, passés par là et ont changé la donne.

Producteur sur France Inter, Jean-Baptiste Tuzet a contracté très tôt l’amour de ces voix de velours. Pour Tuzet, le crooner, “c’est un art de vivre intemporel, c’est la quintessence de la musique populaire”. Etymologiquement, le crooner est celui qui murmure. le genre est né avec l’appartion de la sonorisation des salles de concerts, et il a des dizaines de représentants.

L’auteur nous laisse feuilleter son album en commencant par ceux qu’il appelle les “Old fashion”, c’est à dire les pionnier (Rudy Vallée, Bing Crosby) ou les nostalgiques des années 30, qui se sont trompés d’époque (Guy Marchand, Paolo Conte), puis vient l’heure du célèbre Ratpack (Frank Sinatra, Dean Martin, Sammy Davis Jr.), présentation au terme de laquelle on arrive déjà à la moitié du livre.

Jean-Baptiste Tuzet “Crooners” (Hors Collection)

Viennent ensuite les romantiques (de Salvador à… George Michael), puis les crooners jazz (Nat King Cole, Chet Baker Tony Benett, Louis Armstrong, mais aussi les plus jeunes comme Harry Connick Junior, Peter Cincotti ou Jamie Cullum), les futurs gendres (Paul Anka, Pat Boone, Trini Lopez ou Sacha Distel), les grands félins, de la trempe de Tom Jones, Elvis ou Ray Charles (que Tuzet avait réussi à faire venir pour un concert exceptionnel dans le murs de Radio France, et dont la bio est en ce moment dans les salles de cinéma), et enfin les comédiens, dont les plus célèbres restent Fred Astaire ou Gene Kelly.

Histoire de rhabiller certains pour l’hiver, Tuzet décerne également les “palmes d’or des plus mauvais crooners”. Sont égratignés : Jerry Lewis, Ringo Starr, Elvis Costello, William Shatner, et bien sûr Dino… le partenaire de Shirley alias Giles Benizio.

Ce livre, dont le contenu graphique vintage est servi par une maquette tout aussi vintage dans l’esprit, se feuillette comme un vieux magazine trouvé au fond d’un grenier. Mais un magazine qui serait annoté par un spécialiste.

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Jean-Marc Grosdemouge

“Crooners”, 110 pages, Hors Collection, 2005, 22.70 euros

Jean-Marc Grosdemouge