Julien Baer, roi de l’underground

Julien Baer, roi de l’underground

“Je refuse ce qu’on diffuse, je rejette ce qu’on projette (…) Dis moi pourquoi je me retrouve quand même ici encore au coeur du système”. Huit ans après un premier album éponyme remarqué dans les cercles de connaisseurs (ceux qui lisent la presse musicale, achètent beaucoup de disques, écoutent les radios de service public ou les quelques privées valables) et un “Cherchell” qui l’a été un peu moins, Julien Baer a changé de label. Il a quitté Polydor pour Universal Jazz, bref il a juste changé d’étage dans la major de la rue des Fossés Saint-Jacques.

La musique finement ouvragée de Julien Baer diffuse toujours une élégance rare. Qu’il puise dans l’afrobeat (“Drôle de situation”), le reggae, la pop psyché (“Roi de l’underground”, qui ouvre l’album de manière aussi enlevé que “Marie pense à moi” autrefois) ou les ballades jazzy, le frère de l’excellent Edouard Baer installe un univers dandy. “Aide moi si je peux” est aussi réussie que “Dérive” (featuring Valérie Lemercier dans les choeurs) sur le premier album. Oui, Julien est dans une “drôle de situation” : il est très bon, et cependant bien moins connu que Vincent Delerm ou Bénabar. Mais il est toujours au coeur du système : de notre système coronarien en fait.

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Julien Baer “Notre Dame des Limites”, 1 CD (Universal Jazz), 2005

Jean-Marc Grosdemouge