Kenny Garrett "Standard of language"

Kenny Garrett "Standard of language"

   On a du mal à reconnaître le Kenny Garrett de “Happy people” sur ce nouvel album : les trois premiers morceaux de “Standard of language” nous montrent le disciple de Miles (qui l’a formé, après que Freddie Hubbard l’ait découvert) un peu différent : un saxophone au jeu plus enlevé, plus incisif qu’auparavant, moins liant.

kenny garrett   Rendez-vous compte : ce n’est qu’au quatrième titre, “Native tongue” (langue natale) que l’on retrouve justement la “langue” de Kenny Garrett celle qui nous avait tant plu sur son précédent album : le saxo “pleure” d’une plainte longue et délicate ou “renifle” délicatement. On alors retrouve toute l’humanité du jeu de Garrett, moins perceptible sur les autres morceaux, plus dans une veine fusion ou free. Dès le cinquiéme morceau “Chief blackwater”, nous voici déjà repartis sur une musique qui ressemble à un torrent de notes.

   Les trois acolytes (Vernell Brown ou piano, Charnett Moffett à la contrebasse et Chris Dave à la batterie) sont du genre impétueux. Et jusque au bout, et un “Standard of language” (trois mouvements, onze minutes) chauffé à rouge, où Dave cède les baguettes à Eric Harland, l’attention de l’auditeur est captée par tant de virtuosité. Ceux qui ont apprécié “Happy people” pour son absence de performance devraient être déconcertés. Les amateurs de jazz fiévreux seraient en revanche bien inspirés de jeter une oreille sur ce disque.

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Jean-Marc Grosdemouge

Kenny Garrett “Standard of language”, 1 CD (Warner Jazz), 2003

Jean-Marc Grosdemouge