"L’Encyclopédie de toutes les musiques"

"L’Encyclopédie de toutes les musiques"

Imaginez un équivalent de “Tout L’Univers” dans lequel les articles ne seraient pas consacrés à la radioactivité ou à la découverte de l’Amérique mais au be bop, au “wall of sound”, à Madchester, à la bossa nova et même… au doom, et vous obtenez cette encyclopédie récemment traduite en français.

L’initiative en revient à Paul Du Noyer. Cet ancien journaliste du “NME”, de “Q” et de “Mojo” (qu’il a lancé), aujourd’hui rédacteur en chef adjoint de “Word”, s’est entouré d’une vingtaine de spécialistes pour fouiller tous les courants, sous-courants, dérivés et tous les genres musicaux possibles et imaginables, 200 au total. C’est peu dire que le panorama va des genres les plus anecdotiques aux plus marquants, les embrassant tous avec le même respect.

La bossa nova née au Brésil, Madchester ou le punk nés en Grande-Bretagne, et même les boys bands (que tout le monde a envie d’oublier, pourtant), tous ont droit de cité, à proportions variables. Même le “shoegazing”, courant des années 90 qui a vu émerger une tripotée de groupes assez statiques sur scène : ils semblaient regarder leurs chaussures, d’où leur nom. Spector (Phil), Bacharach (Burt), Stock-Aitken-Waterman, comme Brahms ou Sakamoto se retrouvent dans ces pages. 12 000 artistes, compositeurs, interprètes ou producteurs sont répertoriés.

“L’Encyclopédie de toutes les musiques”

Bien sûr, dans cette vision globale de la musique, la France compte pour peanuts, et ce n’est pas les quelques références à Edith Piaf, à la Mano Negra ou à Téléphone qui font l’intéret de ce livre. En fait, pour qui n’a pas lu le “Dictionnaire du Rock” en deux volumes, écrit sous la direction de Michka Assayas, c’est peut-être l’entrée la plus facile et la plus rapide pour découvrir toute l’arborescence du rock. Mais comme le propos de cette encyclopédie ne se limite pas au rock. On y trouve aussi des sections consacrées à la pop, au jazz, à la musique classique, au blues, à la country, au folk, au gospel, à la world music, au reggae, à la soul et au rythm and blues. Les courants les plus récents (dance, électronique, hip hop). Pour chaque genre, les auteurs citent ses chefs de file (une dizaine de noms), présentent quelques mesures d’une partition le synthétisant au mieux, mais aussi les instruments typiques et les pochettes de disques marquantes dudit genre.

Sa présentation agréable et l’érudition de ceux qui l’ont conçu font peu ou prou de ce beau livre (richement illustré) l’outil de base que tout mélomane curieux (étudiant, journaliste, et surtout étudiant en journalisme), possédé par la musique, se doit de posséder. En attendant la réédition de “La chanson mondiale depuis 1945”, excellent ouvrage dirigé par Yann Plougastel et paru chez Larousse il y a huit ans, hélas indisponible en librairie de nos jours.

Jean-Marc Grosdemouge


“L’Encyclopédie de toutes les musiques” (sous la direction de Paul Du Noyer), Editions Hachette, 2005, 448 pages, 42 euros.

Jean-Marc Grosdemouge