Miss Dynamite à la Cigale, dimanche 10 novembre 2002

Miss Dynamite à la Cigale, dimanche 10 novembre 2002

   Petit résumé de cette soirée du festival Les Inrocks-Orange : problèmes de disque dur pour Clones, on somnole durant le set de Scratch Massive. Heureusement que Trash Palace a été une bonne surprise après son show calamiteux à Saint-Malo, et que Miss Dynamite a été formidable.

   Cette fois-ci sera la bonne. Forfait l’an passé (elle avait annulé son concert du festival des Inrocks pour enregistrer son premier album), Miss Dynamite a mis le feu aux poudres à la Cigale ce dimanche.

   Avant cela, on a eu droit à une révélation techno-indu française sur fond d’images vidéo, Clones. Un duo qui pratique une musique violente, brisée, concassée, à la recherche de la transe. Parmi les images diffusées, de nombreux plans de métro. Clones, c’est un peu Zazie dans le métro, mais Zazie va en rave, se met les doigts dans la prise électrique et compose de la techno sur son mac. Le duo, derrière ses machines, danse comme des poupées, avec des gestes de marionnettes. Le festival a commencé un peu plus tard que prévu… “Clones ont eu un problème de disque dur” me souffle une source proche des organisateurs. Les temps changent : avant, on avait un problème de corde de guitare cassée, maintenant c’est l’informatique qui fait des siennes.

   Puis place à Trash Palace, qui avait un peu déçu à la Route du Rock. Oubliés les fauteuils Louis-Philippe, les mannequins, le kitsch et l’ambiance rococo. Dimitri Tikovoï n’est plus derrière ses claviers, mais à la guitare. Une jolie blonde le remplace avantageusement. D’ailleurs, si l’on inclut les deux chanteuses, Trash Palace est très féminin : seuls le batteur et Dimitri sont des hommes. A la Cigale, Trash Palace est moins pompier quà Saint Malo, beaucoup plus punk, très énergique. Pour conserver au concept sa part de mystère et d’inattendu, des personnes munies de gros spots lumineux viennent faire courir la lumière des spots sur les musiciens. C’est fort coquin quand la lumière monte et descend sur la robe en latex de l’une de chanteuses. Dimitri malmène rageusement sa guitare, un micro (un spectateur du premier rang a failli le prendre sur le nez), et la mayonnaise de “Positions” prend enfin. Rassurant. Même Brian Molko, présent sur le dernier titre (“Metric system”), prend moins de poses maniérées. Il ne fracasse pas son micro par terre comme il l’avait fait en août dernier, mais perd ses lunettes de soleil en quittant la scène. Dimitri, lui, en provocateur qu’il est, semble mimer la masturbation sur le manche de sa guitare en jetant des regards complices à l’une des chanteuses.

   Les réactions, quant à la prestation de Scratch Massive seront plus mitigées. Cet életro-dub, servi par la voix et le clavier de Camille Bazbaz, et la guitare de Yarol Poupaud, a l’air de se mordre la queue. Fâcheuse impression d’entendre toujours la même chose, même si l’idée est bonne. C’est que la chaleur dans la salle a monté d’un cran, et que le public risque de somnoler. Et puis surtout, tout le monde attend cellz qui doit se produire pour la première fois sur scène en France, Miss Dyanmite. Déjà, on remarque que dans la fosse, les looks du public ont changé. Au premier rang, il y a sûrement plus de lecteurs de “Groove” que des “Inrockuptibles.”

   La voici celle que tous attendent : Miss Dynamite, une gamine renversante. Elle est toute petite, et arrive sûre d’elle, portée par le groove impeccable de son groupe. La section rythmique (un batteur et un percussionnaiste) fait vibrer le tout, tandis que les choristes (elle sont à côté de Miss Dynamite, pas derrière elle) chaloupent le tout avec grâce. Miss Dynamite porte un blue jean serré, avec un ourlet aux jambes, des baskets blanches et un débardeur blanc qui laisse entrevoir son nombril. Les cheveux sont tirés en chignon. Elle plie les genoux, rythme la musique avec se bras, s’approche du public, le regarde. Elle savoure, et dit son plaisir d’être là. On pourrait imaginer que Miss Dynamite, qui n’a qu’un album solo à son actif serait un peu mal à l’aise, traqueuse. Pas du tout. D’ailleurs, elle est comme pas mal de filles qui ont galéré : elle n’a pas de le temps d’avoir le trac, d’être mauvaise ou approximative.

   Elle ne peut pas se permettre de ne pas être “dans le truc”, comme si sa vie, son avenir tout du moins, en dépendait. Toutes les chansons d’”A little deeper” ou presque vont défiler, et plus le concert avance, plus on se prend d’affection pour ce bout de femme. Fin du set, tout le monde disparaît en coulisses. La Cigale réclame encore Miss Dynamite. Elle revient pour deux titres, et finira sur “Miss Dy-na-mi-tee”, repris en choeur par l’assistance. Cela faisait longtemps que l’Angleterre ne nous avait pas envoyé une fille comme ça. On l’a définitivement adoptée.

Jean-Marc Grosdemouge

lundi 11 novembre 2002

Lire également :
le compte-rendu du concert de Sparta et The Jon Spencer Blues Explosion dans le cadre du festival Les Inrocks-Orange.
le compte-rendu du concert d’Idlewild et Coldplay dans le cadre du festival Les Inrocks-Orange.
Merci à Marie Godicheau (Discograph).

Jean-Marc Grosdemouge