Vladimir Godár "Mater"

Vladimir Godár "Mater"

Né en 1956, le Slovaque Vladimir Godár, compositeur passionné de musique ancienne unit sur cet album des formes musicales disparates composées entre 1997 et 2005, mais ayant toutes pour point commun de célébrer la figure de la mère.

Que son titre en latin ne vous trompe pas à propos de cet album : si la langue du Vatican est ici usitée, la langue natale de Vladimir Godár, à savoir le moldave, l’est aussi, tout comme la langue de James Joyce : un poème de l’Irlandais, “It’s a boy”, a inspiré “Ecce Puer”.

On le sent bien déjà : “Mater” est une oeuvre multiple dans ses formes : le “Stabat Mater”, oeuvre sacrée, qui vient après ce texte profane est interprété en moldave. Cette oeuvre est polysémique de nature, mais elle est aussi intriguante et riche d’émotions. C’est la voix de Eva Bittová, présente sur chaque composition, qui irrigue cet hymne au cycle de la vie. Si l’on pense parfois à la musique que Patrick Doyle composa pour le film de Régis Wargnier “Une femme française”, ce n’est peut être pas un hasard : dans ce long-métrage, le réalisateur rendait hommage à sa mère, incarnée par Emmanuelle Béart.

Comme si amour filial et musique faisaient décidément toujours bon ménage, Godár vient ici mêler sources yiddish et chrétiennes pour célébrer la mère, mais aussi la figure plus générale de la femme. Ce que l’on a parfois coutume d’appeler la “musique classique d’aujourd’hui” a ses grands noms, comme Philip Glass, Xenakis, Messiaen ou Arvo Pârt. Et maintenant Vladmir Godár, qui vient de signer avec le choeur du conservatoire de Bratislava et l’orchestre de chambre Solamente naturali une oeuvre majestueuse, empreinte de puissance et de grâce.

Comme une mère qui sait si bien mêler autorité et amour, la musique de Godar est à la fois grave et rayonnante, et détient en elle des émotions foisonnantes. Elle sera le réceptacle de votre vécu, de votre foi (ou de votre abesnce de foi), de votre joie profonde ou passagère, de votre tristesse profonde ou passagère. C’est qu’elle porte en elle son propre paradoxe : “la mère dans le monde slovaque est en général associée à la mère patrie” explique le compositeur, or ce dernier a volontairement choisi de ne pas s’en tenir à sa langue nationale/natale pour embrasser un champ linguistique plus large : celui des âmes ?

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Vladimir Godár “Mater”, 1 CD (ECM New Series/Universal), 2007

https://youtu.be/rBpoyZej0rs?list=PLC6B1483BC2123A7B

Jean-Marc