Fabien Martin "Ever Everest"

Fabien Martin "Ever Everest"

Non, Mathieu Boogaerts n’a pas resigné chez Universal. C’est bien un nouvel artiste, du genre sensible et timide (il baisse les yeux sur la pochette de son album) qui nous arrive. Fabien Martin porte le nom le plus porté en France (on ne se demande pas, mais alors pas du tout s’il est de la famille de Jacques), il n’a pas participé au concours “CQFD” des “Inrockuptibles”, il n’est pas dans le giron d’un label classe : d’habitude, le label ULM fait dans la licence, vend des compilations au poids et cautionne les dernières “Popstars” (“Pornidoles” dirait l’écrivain universalienne Corinne Rousset).

La voix de cet auteur-compositeur qui a vendu les disques des autres avant de laisser le soin à d’autres de vendre le sien évoque Mouloudji. Le phrasé évoque Souchon. Pourtant, la première fois qu’on la vu, c’était sur la scène de Casino de Paris, rien de moins, où il assurait la première partie de Michel Jonasz. Il faut dire que Fabien a une manière de blueser à la française (la chanson “Ever Everest”) que ne renierait pas le crooner de Drancy.

Dans ses chansons, Fabien “dit les choses comme elles sont” (“Automne hiver”), ou évoque les nains de jardin de l’Elysée (“Même si”) et reprend de manière amusante Piaf (“La vie en rose” devient “morose” quand il voit sa belle dans les bras d’un autre). Il nous offre un regard sensible, et ses textes sont autant de fenêtres sur cour qui donnent sur son univers. A défaut d’une production ultra-moderne (elle n’en rajoute pas, et ne vient pas polluer mélodies et textes), les sommets cet Everest offrent un beau panorama. Là-haut, l’air est frais.

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Fabien Martin “Ever Everest” (ULM/Universal), 2004

première publication : vendredi 31 décembre 2004

Jean-Marc Grosdemouge