Kraftwerk : faire le maximum avec le minimum

Kraftwerk : faire le maximum avec le minimum

Et si je vous racontais pourquoi j’aime Kraftwerk ? Eh bien c’est simple : mon papa a bon goût, et quand j’étais enfant, le mercredi après-midi, quand j’écoutais des disques 45-tours en cachette de mes parents, je tombais sur quelques galettes d’un groupe au nom imprononçable mais dont la musique a fasciné mes oreilles de gamin : Kraftwerk.

Cette fascination, je l’ai entretenue, en devenant moi-même acquéreur de quelques CD du groupe, et en voyant le show du groupe lors des dernières Eurockéennes de Belfort. Un show qui fut mémorable (voir l le compte-rendu). A mon retour, je me plongeai dans la lecture du livre de l’ancien batteur Wolfgang Flür “J’étais un robot” (paru aux Editions Camion Blanc). Et là, stupeur : Kraftwerk n’est pas juste un groupe de gens passionné de machines, de musique électronique, et animé par la passion de créer. Le groupe de Düsseldorf a connu son lot de bisbilles, et Wolfgang Flür, qui a connu un procès de la part de ses anciens, camarades, Flür conclut son livre par une phrase péremptoire : “au lieu de composer et de jouer de la musique, les Kraftwerk préfèrent aujourd’hui faire des procès”. Bon sang mais c’est bien sûr ! comme dirait l’inspecteur Bourrel… Kraftwerk a beau être un groupe de légende, il est vrai que depuis “Electric Cafe” en 1986, il n’a pas sorti de nouvel album. Le “Tour de France” de 2003 n’était qu’un remix des morceaux de 1983.

On écoute donc ce double live avec à la fois l’impression d’entendre la même chose que lors de leur show (mais sans les images pour rehausser le tout), dans le même ordre, et entrecoupé d’aplaudissements, mais sans grande prise de risques : les improvisations ne font pas partie du cahier des charges du groupe cybernétique. Ce double album, qui ne masque pas le fait que depuis près de vingt ans Kraftwerk n’a pas su se maintenir dans le peloton de tête des groupes innovants, mais comprend tous les tubes du quatuor, n’est finalement qu’un best of à destination des néophytes, qui découvriront en peu de temps le meilleur du groupe. Que les titres soient enregistrés en live ou enregistrés en studio ne change que peu leur son. Mais sortir un double live fait moins “tache” que sortir une compilation.

Objectif artistique minimum donc de la part d’un groupe au maximum de sa légende, mais qui hélas n’arrive pas à se réinventer, et semble condamné à mouliner ad vitam eternam ses vieux tubes.

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Kraftwerk “Minimum Maximum”, 2 CD (EMI), 2005

Jean-Marc Grosdemouge