Andy Votel "All ten fingers"
Deuxième album d’Andy Votel après “Styles of the unexpected”, et une certitude s’impose : à vingt-quatre ans seulement, le personnage n’a rien perdu de sa loufoquerie. La loufoquerie semble d’ailleurs être la marque de fabrique du label Twisted Nerve, comme en témoignent les oeuvres de Badly Drawn Boy, qui a d’ailleurs co-créé le label avec Votel. Mais la loufoquerie se conjugue parfois mal avec recherche esthétique.
Les nerfs en vrille, Votel doit les avoir sérieusement pour torcher des morceaux aussi barrés. On a souvent l’impression de se trouve nez-à -nez avec morceaux pour enfants joués avec un bric à brac de son par un grand enfant un peu morveux lui même… L’impression d’être à l’écoute du disque pondu par un doux-dingue. Votel est un touche à tout : DJ, graphiste, remixeur, cinéaste, et cela se ressent aussi dans sa musique, qui est comme les enfants hyperactifs : incapbale de rester en place plus d’une minute. Votel pose parfois sa voix sur un morceau : il fredonne “pa pa – pa la la” avec désinvolture. Doit-on en déduire que c’est cette présumée désinvolture qui a présidé à l’enregistré de “All ten fingers.” Résumons : cet album , bien produit côté sonorités (des tas d’influences, des samples, et des bruitages en veux-tu-en voilà), manque un peu d’épaisseur côté sentiments. On est bien souvent dans le tout-pour-la-déconne.
A-t-on tout dit ? Non, car il faut également reconnaître qu’on peut facilement se laisser embarquer dans l’univers déjanté de Votel. Un titre comme “Metro attitude”, où une voix qui imite à la perfection la nunucherie de Brigitte Bardot annonce “Et puis tu as un gimmick formidaaable ! terrible ! j’en n’ai jamais vu d’pareil !”, surprend agréablement et le titre un peu lounge “Canter” nous transporte d’aise. Que ceux qui ne sont pas friands d’albums bizarro-marrants ne s’attardent pas, mais que ceux qui ont déjà à peu près tout écouté dans pop sous assistance électronique influencée sixties viennent faire leur marché dans le vide-grenier sonore d’Andy Votel.
**
Andy Votel
première publication : vendredi 31 janvier 2003