Arthur H "Négresse blanche"

Arthur H "Négresse blanche"

Arthur H fait sa révolution… Longtemps habitué aux ambiances jazzy, Arthur H, qui appartient à cette catégorie des seconds-couteaux magnifiques de la chanson (Gabriel Yacoub, Kent) touche aux machines sans y perdre son âme. Et à son tour, nous touche, comme l’a fait Christophe avec “Comm’ si la terre penchait”.

Le succès de Christophe a-t-il été perçu par H comme un encouragement à se lancer dans cette voix de l’électronique ? “Saint Christophe” qui évoque les mots bleus est en tout cas un hommage très clair à Daniel Bevilacqua. Une certaine bizarrerie, une poésie fragile et à fleur de peau rapproche Christophe et Arthur H, même si leurs voix les séparent irrémédiablement : celle de l’un peut monter très haut quand l’autre souffre d’asthme. Quand il y a dix ans, la voix rauque d’H éructait sur “Quai numéro 3”, elle n’avait pas les charmes qu’elle dévoile ici. H élargit son univers : “Bo Derek” doit beaucoup à l’écoute de “Melody Nelson” semble-t-il. H aime aussi Marylin Monroe (“Marilyn Kaddish), sa “Lady X”, le cirque (“Raïssa”), mais il écrit aussi une chanson dont qui évoque la tentative d’assassinat du Jacques Chirac par Maxime Brunerie (“14 juillet 2002”). Sur “Négresse blanche”, qui donne son titre à l’album (mis en images par Mondino, qui après avoir signé la pochette de Thomas Fersen se montre en forme), la voix s’épanouit sur une jungle sonore.

Le son d’Arthur H est une mangrove (D’ailleurs Tarzan n’est pas loin) : chaud, luxuriant humide, aux sonorités tropicales. Vous prendrez un plaisir immense à y suer à grosses gouttes. Et s’il vous arrivait d’égarer un temps la précieuse galette, en l’absence de musique, consolez-vous à la lecture du livret. Lus à voix haute, les textes, très imagés, très évocateurs, possèdent leur propre musique.

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Arthur H “Négresse blanche, 1 CD (Polydor/Universal), 2003

première publication : vendredi 25 juillet 2003 sur feu M-la-Music.net

Jean-Marc Grosdemouge