Pauline Croze "Un bruit qui court"

Pauline Croze "Un bruit qui court"

S’il faut louer sa tentative de sortir du cadre “chanson” pour s’ouvrir à des univers plus pop au travers d’arrangements plus fournis, parfois électroniques, il faut bien avouer que Pauline Croze ne signe pas un album aussi réussi que celui qui nous l’avait révélée en 2005 (voir notre article).

“Un bruit qui court” est plein d’idées mais certaines ne sont pas assez développée, d’autres sont noyées sous trop d’artifice formels, jusqu’à la voix de la demoiselle, souvent sous-mixée (“Faux contacts”, “Les gens qui jasent”), qui perd donc de sa puissance émotionelle. Pauline Croze s’essaie à créer un “Dummy” français, mais la noirceur est ici plombante. Ce disque se traîne un peu.

Ce n’est pas faute d’avoir de bonnes chansons, juste faute de savoir les magnifier. On a parfois l’impression d’entendre une maquette et non un album fini : c’est plein de propositions, mais il aurait fallu élaguer, faire le tri, allégre cet album. La multiplication des couleurs et tentatives musicales (afro-caribéennes sur “La couleur de la mer” par exemple, rock new wave sur “Un bruit qui court”, sorte de sous-“Born under punches”) fait perdre à cet album ce qui aurait au moins pu lui donner une unité. “Un bruit qui court” est un album tout à fait digne d’être écouté dans la multitude des disques qui sortent en ce moment, mais ce n’est pas précisément celui qu’on était en droit d’attendre de la part de Pauline Croze, dont le premier opus était très convaincant.

Si le difficile pari du fameux “deuxième album” est un peu perdu, on peut gager que le prochain sera une franche réussite, car Pauline Croze sait toujours écrire de jolies chansons. Reste à les enregistrer comme ont été enregistrées “Décembre” ou “A l’évidence”, deux très belles chansons qui sont à repécher dans ce semi-naufrage.

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Pauline Croze “Un bruit qui court”, 1 CD (Accelera Son/Wagram), 2007.

première publication : dimanche 18 novembre 2007

Jean-Marc Grosdemouge