Wild Beats “Limbo, Panto”

Wild Beats “Limbo, Panto”

Clinic, qu’on a pourtant adoré depuis ses débuts et continué à soutenir tant qu’on a pu, n’est plus aussi intéressant aujourd’hui, mais comme Domino n’est pas à court d’argent depuis Franz Ferdinand (qu’on a vus la première fois en première partie de… Clinic), ce sont les Anglais de Wild Beasts qui tiennent lieu de groupe foufou dans l’écurie.

Quand ils se produisent sur scène en France (on les a vu fin juin à La Flèche d’Or), il se présentent par : “nous sommes les fauves”. Et -excusez le cliché, leur musique rugit… et nous aussi de plaisir. Avec un chanteur au timbre phénoménal, qui ferait passez Freddie Mercury et Mika pour des barytons, et constitue à lui seul une attraction digne de déplacer les foules. C’est que Wild Beasts, mine de rien, permet d’entendre l’une des voix les singulières du circuit rock, ils pratiquent une musique gentiment ludique, colorée comme un légo, une sorte de soul à peine plombée par une batterie fofolle, titillent nos oreilles avec le rock FM qui fait du bien (“Woebegone wanderers”). S’il est typiquement le genre de groupe qui ferait fuir le béotien à la première écoute (j’en etends déjà certains ricaner : “c’est quoi ce mec qui grince comme une vieille porte rouillée ?”) il est cher à notre coeur.

Et puis souvenez vous de ces peintres d’autrefois qui mettaient tellement de couleur dans leurs tableaux qu’on les surnommait les “fauves” : autrefois décriés, ils ornent aujourd’hui les cimaises des grands musées, alors que les chantres de l’académisme mou prenent la poussière dans des demeures provinciales des descendants des idiots qui ont acheté ces croûtes informes. Nous en sommes persuadés : le rock de demain ressemble à Wild Beasts.

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Wild Beats “Limbo, Panto”, 1 CD (Domino), 2008

première publication : samedi 21 juin 2008

Jean-Marc Grosdemouge