Vincent Delerm "Favourite songs"
Il faut quand même avoir des putain de bollocks bien gonflées à bloc pour oser sortir un disque qui propose en plage 2 une chanson interprétée par Renaud, Bénabar et Vincent Delerm, soit les trois pires voix que la chanson française a engendré récemment.
Normalement, c’est le genre de chanson qu’il faudrait cacher. Si vous arrivez à écouter ça jusqu’au bout pour écouter le petit speech façon “stand up” du Rouennais, alors vous avez gagné à vie votre carte au club des gens ouverts d’esprits… ou un abonnement à “Fesse moi avec une pelle” et un code gratuit pour vous connecter sur www.fais-moi-mal-j-aime-ca.com.
On aime bien Delerm quand il chante ses propres chansons, et si on l’écoute il faut bien reconnaître que c’est pour son écriture, ses mélodies, pas sa voix. Sauf que grisé par le succès, il se lance dans les reprises. Vous, quand vous voulez chanter de grandes chansons avec des amis, vous allez manger une pizza à la Casa Carolina, près du métro Bel Air et après le tiramisu, vous hullulez telle une bête sur un karaoké. Delerm, lui, vend des billets, et invite la fine fleur de la chanson : Yves Simon, Benjamin Biolay, Alain Chamfort, Moustaki, Jeanne Cherhal, Helena, Cali, Georges Moustaki, Mathieu Boogaerts (“Na, na, na” on aime”) et même deux étrangers que Brice Hortefeux, notre Klaus Barbie local, n’a -heureusement- pas encore mis dehors : Peter Von Poehl et Neil Hannon.
Si c’est parfois mignon, c’est souvent pathétique.
D’ailleurs le public ne s’y trompe pas : sur les premières mesures d” “Coup de soleil” de Cocciante, le public rit ! Heureusement que Valérie Lemercier arrive : c’était bien de l’humour. Pour la pizza et le tiramisu, on divise ? C’est moi qui invite pour le chianti (prononcez kianti je dis ça pour ceux qui trouvent Vincent chiant), j’ai tout bu ou presque pour oublier que la chanson française est une belle salope qui couche avec n’importe qui.
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Jean-Marc Grosdemouge
Vincent Delerm “Favourite songs”, 1 CD (Tôt ou Tard/Warner), 2007