João Gilberto "Ao vivo"

João Gilberto "Ao vivo"

Le pape de la bossa nova. João Gilberto Prado Pereira De Oliveira est le pape de la bossa nova, son premier interprète, puisqu’il fut à l’origine de le création de cette musique avec Vinicius de Moraes et Tom Jobim, et aujourd’hui encore un interprête inégalé.

Légende vivante, Gilberto, soixante et onze ans, se produit peu sur scène, et c’est un énorme plaisir de le savourer dans cette captation d’un show que TV Globo lui dédiait il y a quelques années.

Rita Lee (“Jou jou balangandàs”) et la fille de Gilberto, Bebel (“Chega de saudade”) participent chacune à un titre. Il est peu de dire qu’entendre Bebel chanter avec son père sur un morceau classique aux arrangements classique est une petite découverte pour qui l’a connue avec son album solo, “Tanto tempo”. Pour le reste, ce qui s’offre à nous, c’est la guitare simple de João Gilberto, parfois rehaussée d’un orchestre de cordes (sur “Menino do Rio”, “Jou jou balangadàs”, “Canta Brasil”, ou sur “Eu e a brisa”, les arrangements de ce dernier titre étant signées Dori Caymmi). Le plus souvent, donc, les chansons se présentent dans le plus simple appareil, qui est souvent celui pratiqué à Rio, la ville de Gilberto. Rio, dont les quartier chics virent, dans les années 50, naître la bossa nova, musique complexe et raffinée.

Gilberto, qui est historiquement le premier chanteur de bossa, a inventé ce qui en est l’essence même : le fait de laisser traîner l’accent sur une mesure ou, au contraire, d’accélérer parfois la diction. Sur ce disque, le classique “Desafinado” en est le parfait exemple. Ainsi, la plupart du temps avec Gilberto, le tempo bossa, élastique à souhait, est un filet qui sert à des acrobaties rythmiques. Et cet enregistrement nous prouve que l’homme à la voix de velours, reste un bel acrobate. En plus de manier la mélancolie comme un magicien. “Vai minha tristeza”… va-t-en, ma tristesse.

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João Gilberto “Ao vivo”, 1 CD (WEA Brazil/Warner Jazz), 2003

Jean-Marc Grosdemouge