Avec Lambchop, la retraite a du bon

Avec Lambchop, la retraite a du bon

Vive la retraite. En 2004, Kurt Wagner leader de Lambchop, formation de Nashville venait de prendre la sienne. Fini le temps où il fallait s’esquinter le dos à poser des parquets. Cela lui donnait toutes ses journées pour s’adonner à son génie de la musique… et il mettait sacrément à profit ce temps.

Car même s’il a choisi un nom bigrement bizarre pour se produire (“Bout de chou”), et porte toujours une casquette aux couleurs d’une firme d’aliments pour bétail, Wagner est un génie de l’americana, cette pop mâtinée de country apparue il y a quelques années. Aussi quand le Festival du Film International de San Francisco lui a demandé de composer de la musique pour un vieux fim muet de Murnau (“L’Aurore”, sorti en 1927), Wagner a dit oui. C’est à partir de la bande originale de ce film que la plupart des chansons qui nous intéressent ont été choisies. “Durant le processus, explique l’auteur-compositeur-interprète, il devenait évident que les morceaux du film ne pourraient pas tous devenir des chansons à part entière. C’est en partie pour cela que j’ai inclus sur ces albums des titres qui ne faisaient pas partie du film. A l’inverse, ajoute-t-il, certains morceaux qui n’auraient pas collé avec le film étaient de bonnes candidates pour les albums.” Il faut dire que des candidates, Kurt en avait à foison : en Jean-Louis Murat yankee, ces derniers temps, il s’était astreint à pondre une chanson par jour. Comme on travaille ses muscles, Wagner travaillait son songwriting, dans une sorte de routine bien agréable.

Voilà donc Lambchop, formation d’exception qui rejoint d’un coup Cinematic Orchestra (qui a composé une musique pour “The man with a movie camera”) et Tom Waits (qui a lui aussi sorti deux albums simultanément). Après avoir réduit la voilure sur “Is a woman” (que Wagner a voulu dépouillé pour ne pas avoir à tourner avec une bande de kurt wagnerdouze musiciens comme il était d’usage), Lambchop revient aux envolées et aux cordes vibrantes de leur chef-d’oeuvre, “Nixon”. D’ailleurs, ces dernières semaines, des artworks finalement non retenus présentaient les titres “Aw C’Mon” et “No You C’Mon” sous forme de grandes lettres blanches posées à même le sol dans la campagne. Cela ne vous rappelle rien ? Mais oui, le mariage soul et country de “Nixon”. Ce double album est assurément à la hauteur de son prédécesseur de 2000.

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Lambchop “Aw C’Mon / No You C’Mon”, 1 CD (City Slang/Labels), avril 2004

photos : Jean-Marc Grosdemouge

Jean-Marc