Bruno-Nassim Aboudrar analyse notre rapport aux images

Bruno-Nassim Aboudrar analyse notre rapport aux images

Dans une époque où les caricatures du Prophète peuvent tuer (les salariés de « Charlie Hebdo » et le professeur Samuel Paty récemment), et où les images abondent, il est bon d’interroger le rapport que nous entretenons avec elles. C’est Bruno-Nassim Aboudrar, historien de l’art, qui relève le défi.

Il se dit athée mais respectueux, et disons-le de suite : que ce soit d’un point de vue des concepts, des opinions ou du vocabulaire, ça vole haut.

Après avoir rappelé comment douze de dessins de Mahomet se sont retrouvés dans un journal danois (l’auteur d’un livre sur le Prophète ne trouvait pas d’artiste  pour illustrer son livre, le “Jyllands Posten” a lancé un appel à contribution), avoir débattu de savoir si ne pas produire d’images du Prophète est une règle de l’Islam, et rappelé ce qu’est une caricature par rapport à une image standard, il en vient à des questions théologiques, en parlant cette fois de la représentation du Christ, qui a été également caricaturé.

Très vite, nous voici assez familier avec des termes comme aniconie (interdiction pure et simple de produire des images, ou a minima, incitation à ne pas en produire), iconoclasme (destruction des images) et idolâtrie (aimer les images plus que le réel). Après avoir parlé de l’inonoclasme byzantin et de celui de la Réforme luthérienne, l’auteur a tôt fait de revenir à l’histoire récente : les destructions des Bouddhas de Bamiyan par les Talibans , de quoi étaient telles le nom ? Du vandalisme…  là encore, on repart dans le passé avec le sac de Rome par les Vandales (un peuple chrétien, au fait) et la conquête du Nouveau Monde et la construction à Mexico d’un lieu de culte catholique là même où étaient célébrés les cultes aux dieux aztèques)…

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Bruno-Nassim Aboudrar, “Les Dessins de la colère”, Editions Flammarion, Paris.

Photo Philippe Matsas © Flammarion

Jean-Marc Grosdemouge