Xavier Le Clerc, l’hommage au père

Xavier Le Clerc, l’hommage au père

Après “Cent vingt ans” à propos de son arrière grand père lors de la guerre de 1914-1918, Xavier Le Clerc continue à explorer avec pudeur et finesse ses racines. Dans ce livre consacré à son père Mohand-Saïd, il se livre un peu plus sur ses racines kabyles : il est né en Algérie et s’appelait Hamid Aït Taleb, avant d’être naturalisé français et de changer de nom et de prénom. Pas pour renier son passé, qu’il raconte ici, en prenant pour figure centrale cet homme sans titre qu’est son père.

Au contraire d’un Pagnol (“La Gloire de mon Père”) qui peut présenter son père sous un jour favorable, Le Clerc raconte à la fois un homme travailleur et n’hésitant pas à se sacriifier pour ses enfants, mais aussi quelqu’un de taiseux, et parfois violent. S’il ne prononce pas de “je t’aime” quand il lui écrit (les dernières pages du livres), on sent que l’auteur n’a pas de ressentiment envers ce père qui a connu des traumatismes (une enfance très pauvre, puis la guerre d’Algérie).

Au fil des pages, Xavier Le Clerc, transfuge de classe, rend un hommage sincère à cet homme illettré, qui est du nombre de ces millions d’êtres broyés par le grand capital, qui n’ont pas voix u chapitre, subissent l’Histoire sans avoir barre sur elle.

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Xavier Le Clerc “Un homme sans titre”, éditions Gallimard, Paris.

Jean-Marc Grosdemouge